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puce Richard III - Loyaulté me lie
Théâtre de l'Aquarium  (Paris)  novembre 2016

Drame d'après la pièce de William Shakespeare mise en scène de Jean Lambert-wild, Lorenzo Malaguerra et Gérald Garutti, avec Élodie Bordas et Jean Lambert-wild.

"Richard III" est une des pièces de Shakespeare les plus jouées. Pour la plupart des metteurs en scène qui l'adaptent, c'est d'abord une occasion de donner une leçon politique, d'affirmer leurs convictions. Malheureusement, c'est aussi un moyen d'aligner les poncifs attendus sur le pouvoir et ses dérives.

Car, même au temps de Shakespeare, le plus idiot des gueux savait sans aller au théâtre du Globe que les rois étaient cruels, avides de gloire, de richesse et de puissance. C'est pour cela que Jean Lambert-wild, qui n'exclut pas les gueux d'aujourd'hui et aspire à les convaincre de revenir au théâtre, n'est pas un donneur de leçon, même pas en matière théâtrale.

Pour incarner le roi Richard, contrefait, et dont la difformité a forgé le mauvais caractère, il a pris l'apparence d'un clown. Non pas pour seulement signifier trivialement que le souverain est forcément un clown, une figure dérisoire dont on s'amuse, mais pour dire, dans un rire ambigu, que le représenter sous la forme farineuse de Paillasse, c'est le préparer à tous les coups, les directs qu'il encaisse comme les tordus qu'il prépare.

Pour Jean Lambert-wild, comme pour ses pareils, les vrais créateurs, le fond est forcément la forme. Ce qu'on dit n'est pas si important que ça, compte surtout la façon de le dire. Le bruit et la fureur shakespearien, c'est avant tout du théâtre. Qu'on soit deux à les exprimer ou cinquante. Qu'on soit en tenue élisabéthaine ou en habits circassiens.

Le public est là pour une représentation, pour se divertir, découvrir des fééries, et puis, sans forcément le dire clairement (car le bouffon craint le bâton), le clown est là pour donner un croche-pied aux grands de ce monde et les remettre à leurs places.

Bien accompagné d'Elodie Bordas, qu'il regarde plutôt avec les yeux d'un Pierrot que d'un Paillasse, Jean Lambert-wild raconte la geste de Richard, cette histoire sanglante qui se termine dans la déréliction totale, celle où un cheval vaut un royaume.

Souvent la langue shakespearienne pâtit d'un trop-plein de personnages qu'il faut identifier à la seconde où ils parlent. Avec ce va-et-vient d'un duo qui supplée une distribution entière et pléthorique, l'avantage c'est qu'on écoute d'abord et que cela permet ensuite de mieux comprendre.

D'autant que dans leur traduction, Jean Lambert-wild et Gérald Garutti ont privilégié la clarté à la licence poétique. Dès lors, Shakespeare n'assène pas des vérités que l'on distingue dans un flot de mots, mais mène à bien une passionnante intrigue.

Clown pour la bonne cause du rire et de la vie, Jean Lambert-wild a choisi de placer les cruelles aventures de Richard dans une espèce de "Palais des Merveilles" dans lequel chaque niche contient une surprise que l'on ne devine jamais et que l'on attend à chaque fois avec un plaisir toujours renouvelé. Ce "Palais" est si vivant que Jean Lambert-wild n'hésite pas à le considérer comme un partenaire.

Création de Stéphane Blanquet, cette véritable œuvre d'art est en soi, une des raisons de ne pas manquer ce "Richard III" qui n'a pas peur de la beauté. Pendant ce spectacle qui se contente d'utiliser la vidéo pour un clin d'oeil final qu'on ne dévoilera pas, on est littéralement saisi par l'irruption inopinée de "belles images" que l'on n'oubliera plus, comme cette armure en porcelaine de Limoges dont se pare le clown Richard pour la bataille finale.

Si l'on voulait initier à l'art dramatique quelqu'un qui n'aurait jamais mis les pieds dans un théâtre, le "Richard III" de Jean Lambert-wild serait le spectacle idéal, le spectacle total. Car, outre le verbe shakespearien et les surprises visuelles, il serait confronté à deux véritables athlètes qui se dépensent sans compter pour montrer combien une représentation théâtrale peut être magique et loin du réel quotidien.

Ce théâtre accueillant pour tous, proche des gens sans démagogie, modeste dans son propos mais ambitieux dans son faire, réconcilie et apaise. Oui, il y a des artistes qui pensent au public sans le mépriser et qui aiment les textes sans les dénaturer.

Dans cette catégorie dans laquelle les risques de bousculade sont hélas infimes, on mettra Jean Lambert-wild aux côtés des Tg STAN. C'est peu dire.

 

Philippe Person         
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