D’origine stéphanoise, ils n’oublient jamais de saluer la ville aux sept collines qui les a vu grandir.
Les Tit’ Nassels, vingt ans qu’ils musiquent en duo, sans fausse note. Ils traversent l’océan des mélodies à la proue d’un navire parfaitement étanche, loin des rivages paparazzeux et des scènes obséquieuses. Sophie la fille et AxL le garçon représentent la fraîcheur de ce qu’on peut faire de mieux en musique gauloise, accompagnés de David Granier à la batterie et Romain Garcia à la basse, en avant toute !
Toujours un peu distraite, la première écoute laisse une empreinte d’enthousiasme légèrement cynique, avec des rythmes de basse endiablés et des envolées de cordes moelleuses tout à fait mélancoliques (comme il devait pleurer celui qui inventa le violon…). Et puis vient la seconde écoute plus subjective, plus décisive, vrai poète ou amateur de rime basket-piquette ?
"Amour ou haine, quitte à choisir, je prends le moins pire, je préfère crever d’amour debout que de mourir seul sur le champ d’honneur" ("En plein cœur"). Voilà qui ressemble un peu plus à l’humain que l’héroïque mourir-pour-des-idées. Les Tit’Nassels ne sont pas des héros non, et ils ne nous font jamais culpabiliser de ne pas en être.
Beaucoup de tendresse se dégage des mots de Sophie et Axl, pas de jugement facile, un regard triste sur ce que nous avons créé : "La guerre ne peut pas être sainte comme dirait Papa" ("J’ai tout oublié"), "c’est le temps des croisades où l’amour rétrograde, une époque bien maussade où la haine prend du grade, j’ai tout oublié, que tuer pour des idées ça rendait les mains sales et que mourir pour Dieu ça lavait pas les âmes". Eux aussi ont vu le regard des enfants se voiler quand ils ont compris nos sanglantes croisades.
Leur force est d’insuffler à la fois l’espoir et de semer des pâquerettes de la liberté au sommet des tiges du pessimisme morose (pas forcément ambiant d’ailleurs). La mélancolie inspire les textes, mais ne s’y installe jamais : "Dans ma forteresse bétonnée de tendresse, jamais je ne laisse rôder les vautours, ceux qui à la moindre preuve de faiblesse, tracent des cercles dans mon ciel de haine plutôt que d’amour" ("J’écris"). Ce n’est pas rien de lutter contre les pigeons colporteurs et Les Tit’Nassels nous conviennent dans leur bastille fleurie.
Le combat n’est pas mené sans humour, ingrédient essentiel du verbe des Tit’Nassels "Si je porte des croc en bermuda, écoute Sardou en Dacia…. Quitte moi… Si je vote pour Marine Le Pen, ben là je me quitte moi-même" ("Quitte-moi"), ou l’argument de la séparation qui tue "Si je me coiffe comme Benzéma, quitte moi"… hihihi.
Sophie et AxL jouent avec les mots, les textes sont riches de quiproquos et de double sens, la langue française peut fatiguer avec ses expressions jetables à utiliser circonstances, ses adages et ses proverbes. Eux choisissent de la magnifier en manipulant allègrement les verbes et les adages. Ce qui donne une déclaration d’amour pour le moins originale : entre tradition désuète et sens figuré : "J’avais demandé ta main, je m’étais même mis à genoux, toi t’as fait celle qui n’entend rien, alors je l’ai coupée du coup… Depuis je me sens mieux ça va bien de ma poche tu caresses mes genoux… Sur mes doigts je compte jusqu’à quinze" ("Ta main").
Entre humour triste et légèreté sérieuse, Sophie et AxL frappent élégamment la sphère musicale avec En plein cœur, frappe là où il fait bon, et tire là où il fait gris. Car nous sommes faits de ça, une lutte constante entre plus et moins, nous sommes le bourreau de nos malheurs et le bâtisseur de notre bonheur, et il est tellement plus doux d’avancer en musique.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.