Monologue dramatique écrit et mis en scène par Mario Batista et interprété par Bruno Pesenti.
Avec "Langue fourche", Mario Batista signe un monologue sous emprise beckettienne tant au fond qu'en la forme, avec "Cap au pire" en ligne de mire, à l'écriture circulaire, ressassante et dépourvue de ponctuation, calquée sur le flux de pensée.
Ressortant à l'exercice de style en forme de défi à la syntaxe et à la grammaire, il décrit, de l'intérieur, le processus de désintégration humaine d'un homme, fils d'émigrés pris en étau entre deux cultures, deux langues d'où la langue vipérine qui inspire le titre de l'opus, et victime de la violence tant familiale que sociétale.
En état de sidération mentale, l'homme prend la parole, une parole logorrhéique, et psychotique pour relater l'impossibilité tragique d'exister sans être, le sentiment d'être muré en dedans de lui-même, de n'être jamais né, et l'absence de résilience qui conduit au vide absolu.
Sur le plateau nu et crépusculaire, visage émacié, immobile, juste les mains mobiles, le comédien Bruno Pesenti dispense une performance exceptionnelle pour délivrer des séquences phrastiques injouables sans quitter la note, une incarnation magistrale jusqu'à l'anéantissement, l'extinction, le noir. |