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BOW  (On The Rockin' Road)  novembre 2016

Assister à la naissance du premier album d’une formation que l’on aime est toujours synonyme de plaisir. Ma première rencontre avec ELK ESKAPE prit la forme d’une affiche et de quelques morceaux entendus comme ça, par hasard… Puis par intérêt.

Cette affiche, sombre, montrait deux ou trois voitures américaines plongées dans le noir de la nuit, tout juste illuminées par quelques néons froids. Le groupe ne s’appelait pas encore ELK ESKAPE mais Roll It. Un changement de nom et quelques évolutions dans le line-up plus tard (Yann Le Traon a enregistré la basse sur l'album mais a quitté le groupe depuis. Il a été remplacé par Vincent Roudaut. Mikaël Le Mûr a rejoint la formation aux claviers / guitare / choeur), voici donc venu le temps du grand saut vers l’inconnu.

ELK ESKAPE réussit l’exploit de réunir des musiciens finistériens, costarmoricains et bretilliens tout en propageant sa musique que l’on croirait tout droit venue d’Amérique. Il n'est donc pas étonnant que Bruno Green (Detroit) soit de la partie. Il a su partager son expérience et apporter sa patte sur le rendu du son de l'album. BOW est le titre de cette première création, un album de 9 titres intenses évoquant la violence des hommes et celle des grands espaces qu’ils affrontent. A son écoute, on ressent un sentiment de liberté, d’extase contemplative devant les images que les compositions du groupe imposent à notre esprit, mais aussi une tension caractérisée par les termes abordés dans les paroles et par la musique qui se montre, au détour de quelques titres, inquiétante ("Somber Winds"). Comme un avertissement aux visages pâles que nous sommes, nous qui nous aventurons présomptueusement en territoire ennemi…

Dès le premier titre "Thousand Bonfires After", l’auditeur se retrouve dans ce mélange si particulier d’amour, de honte et de nature. Un peu comme s’il se retrouvait dans un épisode de Deadwood, en plein milieu d’un face à face entre Seth et Martha Bullock alors qu’Al Swearengen attend son heure au sein des Black Hills. Elouan Jégat et Alexis Wolf accordent merveilleusement leurs guitares et leurs voix. L'usage du ebow renforce le côté sauvage, le côté "grands espaces" du titre.

La batterie de Baptiste Le Solliec donne ensuite le tempo sur "Criminals" bien vite rejoint par des sons de guitares dont la reverb se marrie totalement aux claviers et, encore une fois, à celui de l'ebow. L'ensemble est jouissif. Ici, c’est le feu de camp dans les Appalaches qui est invoqué. On imagine un groupe de trappeurs violents et sans états d’âme rattrapés par ceux qu’ils ont attaqués, la violence et le sang sous le bleu électrique d’une nuit de pleine lune...

"Invisible Eyes" joue également sur cet entremêlement des voix. Elles sont suaves, douces, alors que les guitares sont par contre plus incisives, plus abbrasives et aggressives. Le quatrième titre de BOW se nomme "Lucky Joe Wood". A mon sens, c'est la pièce maîtresse de l'album (ex aequo avec "Under Control"). Murmures, distorsions, reverb et ces notes de guitares qui montent puis descendent... C'est un titre très efficace dont l'addiction est inévitable. Au cri poussé juste avant la déflagration des guitares, on imagine la douleur de ce Lucky Joe Wood, lorsqu'une balle tirée par une des winchesters de ses poursuivants fait voler en éclats l'écorce d'un pin rouge dont les fragments lui lacèrent le visage.

La mélancolie fait irruption sur BOW au travers d'un titre au nom fantomatique : "Appearances". Encore un morceau très réussi, peut-être le plus touchant de l'album avec ses notes de Guide-Chant (petit harmonium au son très caractéristique ; on perçoit d'ailleurs, par moment, celui des retour des touches, ce qui apporte encore davantage d'authenticité au titre) jouées sur des accords de guitare folk. On se laisse porter par le courant, balayés comme ces tumbleweed sur les routes du far west, et par ces magnifiques chœurs qui nous invitent à fermer les yeux avant qu'ils ne deviennent trop humides.

"Into the Midnight Sun" : ce morceau est davantage dans la veine d'un rock épique. Le début de la chanson se fait rapide comme l'urgence d'une chasse à l'homme en pleine forêt. Puis, le rythme se casse, ralentit, mais ce n'est pour mieux repartir. La violence ("Blood", "Knife", "Strife") et la nature ("Moon", "Mountains", "Water", "Rain", "Desert", "Sun", "Snow", "Trees") sont encore associées, indivisibles.

"Somber Winds" commence mystérieusement. On distingue petit à petit la batterie se détacher du brouillard épais formé par les nappes du claviers, la voix d'Elouan Jégat murmure comme pour nous guider à travers ces bois épais et inhospitaliers, un peu comme ces sirènes qui font chavirer des équipages entiers : ''Sad days are coming / Mixed with earth and bones / Underground / Fed by forgotten stones''. Ces vents sombres, tourbillonnants, nous entraînent sur fond de chœurs hypnotisants et d'une terrible injonction : ''Come on, dig my grave / Sell me to the devil / As a slave, as every people''. Le titre se termine dans un duo batterie / basse entrecoupé de quelques coups assénés sur les cordes d'une guitare rageusement contenue et sur ce son si particulier qui paraît irréel, comme venu d'ailleurs.

"Under Control" : ce superbe titre débute comme une invitation à la méditation, à la contemplation. Les voix d'Elouan Jégat et d'Alexis Wolf entre mumures et voix claires semblent incanter les esprits de la forêt. C'est aussi l'un des textes les plus poétiques de BOW : ''Blown to the ground. Feel the uncontrolled / Skeleton fishes thorns in my brain drill some holes / Whores in my soul, turning to mud''. Le rythme s’accélère et le morceau devient de plus en plus électrique tout en cassant régulièrement sa cadence. L'ensemble est haletant, grisant et l'explosion finale est jouissive.

"Awake" : sur ce titre, les chœurs sont une fois de plus, et pour notre plus grand plaisir, de rigueur. En l'écoutant on pense à la scène de The Deer Hunter (ok, en tant qu'amateur du National Geographic, je sais qu'un Elan n'est pas un cerf mais bon, il a des bois quand même, non ?) où Robert de Niro met en joue ce cerf avant de lui laisser la vie sauve afin qu'il retrouve sa forêt, sa vie sauvage. Le titre semble raconter les pensées de l'animal observant un groupe de chasseurs dansant autour du feu, contents de leurs exploits meurtriers. L'Elan a perdu ses bois dans la bataille mais parvient à s'échapper, libre jusqu'au bout :  ''Some of them dance around the fire tonight / Oh, they stole my antlers, but I keep my mind''.

L'image ''Some of us running around the void tonight'' peut également faire penser à la célèbre photographie que s'était approprié David Wojnarowicz afin d'évoquer la désolation, le désespoir et, dans une certaine mesure, de créer un parallèle entre l'épidémie du sida, le manque de courage des politiques à ce sujet dans les années 1980 et ce massacre planifié des bisons aux Etats-Unis au dix neuvième siècle (le cliché Untitled (Buffaloes), 1994 représentait un troupeau de bisons se jetant dans le vide pour échapper aux chasseurs qui les traquaient. C'était une technique utilisée par certaines tribus indiennes lors de la saison de la chasse aux bisons).

BOW est donc un premier album magnifique (à noter également le superbe travail de Misst1guett qui a réalisé l'artwork du disque) qui vous donnera, à coup sûr, envie de revoir un film comme Into the Wild tant l'appel de la forêt qu'il contient est puissant. Il ne vous restera alors plus qu'une chose à faire : réserver une date pour aller à la rencontre de ces musiciens sur leur territoire de prédilection ; la scène.

 

En savoir plus :
Le site officiel de ELK ESKAPE
Le Bandcamp de ELK ESKAPE
Le Soundcloud de ELK ESKAPE
Le Facebook de ELK ESKAPE


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