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puce Bernard Buffet - Rétrospective
Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris  (Paris)  Du 30 septembre 2016 au 7 mars 2017

Après une notoriété précoce et exceptionnelle dans les années 1950, et bien que toujours fort bien côté sur le marché de l'art et prisé des collectionneurs notamment étrangers, Bernard Buffet, peintre au style unique et sans postérité, est ensuite tombé dans les oubliettes muséales.

De manière inattendue à défaut d'événement particulier, il revient dans l'actualité artistique à l'occasion de trois expositions parisiennes concomitantes dont deux monographiques.

Le Musée Mendjisky permet avec l'exposition "Les Insoumis de l'Art moderne") de situer le peintre dans l'Histoire de l'Art par son affiliation au mouvement de la Jeune Peinture de l'Ecole de Paris dont il fut un électron libre par son style unique et immédiatement identifiable et, avec "Bernard Buffet - Intimement", le Musée de Montmartre présente "une libre mise en perspective" pour une approche sensible du peintre et de l'homme.

Et, première en France, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, une des deux institutions publiques françaises à posséder une collection significative de ses oeuvres, lui consacre une rétrospective placée sous le commissariat de Dominique Gagneux, conservateur en chef du patrimoine audit musée.

Bernard Buffet : de la Buffetmania aux Gémonies en cent toiles

Prix de la Critique à vingt ans avec le tableau "Deux hommes dans une chambre" qui suscita scandale, millionnaire à moins de trente, Bernard Buffet est victime de son succès populaire, de son exposition médiatique comme figure du petit cercle élitiste du Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre, de sa réussite matérielle qu'il extériorise par des dépenses somptuaires et ostentatoires et d'une production prolifique.

Il va subir les coups conjugués d'une certaine critique qui, confondant l'homme et l'oeuvre, tacle "le peintre millionnaire de la misère" et qualifie son succès commercial de compromission artistique, l'hostilité du pape des affaires culturelles des années 1960, les dents longues de la nouvelle génération Rive Gauche côté quartier Saint Michel et l'impérialisme de l'abstraction.

Avec un florilège de cent toiles, notamment celles sérielles de format monumental conçues en panorama et faisant l'objet d'une exposition annuelle qui scande sa production d'artiste à destination des collectionneurs et des musées, par opposition à celles "standardisées" destinées à une clientèle d'amateurs modestes,

le Musée d'Art moderne propose de re(découvrir) et considérer une oeuvre qui enflamme les esprits et suscitant toujours une violente polémique liée à sa perception qui, ressortant à la sidération, induit une réaction quasi organique d'une bivalence radicale entre attraction et répulsion.

Bernard Buffet choisit la voie d'une peinture figurative réinventée inscrite dans la filiation de la grande peinture pratiquée par les Maîtres et, en électron libre, dans le cadre du Manifeste de l'Homme Témoin du mouvement de la Jeune Peinture de l'École de Paris avec une représentation minimaliste de la réalité, souvent qualifiée de misérabiliste, et une palette chromatique restreinte et austère du noir au ocre.

Mais, il s'en démarque par son style, sa manière, une peinture aquarelliste avec peu de matière, et un art émérite de la composition basé sur l'étirement vertical ("La poissonnerie") .

Son style, un graphisme épuré caractérisé un trait géométrique acéré qui ne connait pas la courbe, des formes cernées de noir, des personnages longilignes presque décharnés et au visage douloureux exprimant le tragique existentiel et une peinture sans relief ni ombre, sans perspective ni mouvement à la signature imposante.

Alors certes, au terme de cinq décennies de peinture intensive avec une production de 8 000 tableaux en six décennies d'activité et sous l'action de l'alcool et de la maladie de Parkinson, le trait s'empâte, la manière s'alourdit et l'introduction de couleurs saturées favorise l'outrance expressionniste.

La plénitude et l'abondance qui caractérise cette oeuvre, permet d'élaborer une trame dynamique et réflexive, par exemple à partir du genre pictural ou des récurrences thématiques, mais la commissaire a privilégié la forme la plus classique de la rétrospective, celle de la simple monstration chronologique dépourvue tant de mise en perspective que d'analyse synthétique des tropismes du peintre.

Ainsi, Bernard Buffet a exploré toute la hiérarchie des genres.

De la peinture d'histoire, dans toutes ses déclinaisons du sujet historique ("Horreur de la guerre" 1954), fabuleux ("L'Enfer de Dante"), mythologique (Léda et le Cygne dans "Oiseaux" 1960) et religieux ("La Passion du Christ" 1951), au portrait, le sien (Autoportraits numérotés de 1981), celui de son épouse ("Trente fois Annabel" 1961) ou de clowns ("Le Cirque" 1955).

Et du paysage (dont une trilogie 1974-1975-1976) à la nature morte, objets et animaux morts en sus de la peinture animalière ("Bestiaire" 1954 - "Mes singes" 1999) et des vanités en passant par la scène de genre ("Intérieurs" 1954" - "Les clowns musiciens" 1992) et le nu ("Femmes déshabillées" 1966).

Au visiteur donc de choisir ses ancrages immersifs qui pourraient être, Bernard Buffet ayant été formé à l’École des Beaux-arts et à l'étude des maîtres exposés au Musée du Louvre, le référence à la tradition picturale et iconographique avec l'interprétation des leçons des grands maîtres dans une démarche analogue à celle de Picasso (Exposition "Picasso et les Maîtres" Grand Palais - 2009) et/ou la résonance avec la peinture moderne.

Alors, au gré de la déambulation et entre autres, surgissent, façon pêle-mêle et sur le mode du "carambolage" cher à l'historien d'art Jean-Hubert Martin (cf. exposition "Carambolages" Grand Palais 2016), la peinture médiévale avec les memento mori et vanités de "La Mort" (1999), la peinture du 18ème siècle, avec les natures mortes à la Chardin et le post-impressionniste montmartrois dans les paysages de la Butte où il a vécu.

Bernard Buffet décline également les thématiques picturales classique telles la guerre, de Goya à Picasso ("Horreur de la guerre"), l'écorché de Vinci à Rembrandt ("Ecorchés" 1965), la baigneuse, des Trois Grâces et de la toilette ("Les Plages" 1967 - "La toilette" 1948 - "Femmes à la toilette" 1955), et l’imagerie circassienne de Toulouse-Lautrec aux pré-impressionnistes.

En 1971 avec la série "Les Folles" il traite le thème ancestral de la prostitution et de la maison close, sujet récurrent de la peinture du 19ème siècle, de Degas à Manet en passant par Toulouse-Lautrec, et la peinture moderne de Picasso à Grosz dans un hyper-réalisme prosaïque et une veine grotesque qui l'a associé tant à l'expressionnisme allemand qu'au Bad painting.

A chacun d'appréhender l'oeuvre en révisant son petit bréviaire personnel de l'Histoire de l'Art et de profiter pleinement de son "exhumation" publique. A ne pas rater "Le sommeil", hommage à Courbet, son Maître absolu, et l'oeuvre gravée, plus méconnue, avec les illustrations à la pointe sèche réalisées pour "La Voix humaine" de Jean Cocteau et "Les Chants de Maldoror de Lautréamont ainsi que le carnet d’esquisses des eaux fortes de "La Passion du Christ".

En 1967, Bernard Buffet se savait déjà blessé à mort par la curée critique et l'indifférence institutionnelle.

Dans le tableau "Desplante de rodillas" de la série "Corridas", le taureau noir ensanglanté est marqué de ses initiales.

En 1999, il se suicide dans son atelier en s'asphyxiant dans un sac plastique de la galerie Maurice Garnier où il exposait depuis 1949.

 

En savoir plus :

Le site officiel du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Crédits photos : MM avec l'aimable autorisation du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris (sauf n°2 exposition "Les Insoumis de l'Art moderne" cf.supra)


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Du côté de la musique:

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"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
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"All is dust" de Karkara
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"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

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"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
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"Cavalières" au Théâtre de la Colline
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Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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Lecture avec :

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et toujours :
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"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
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