Seul en scène humoristique écrit et interprété par Akihiro Nishida.
Pour un Japonais, dont la langue agglutinante à l'alphabet réduit, et notamment dépourvue d'article et de genre comme de flexion du verbe, se confronter à la langue de Molière relève du parcours du combattant auquel Kiki s'attaque avec une ténacité... de samouraï, bien évidemment.
Avec pour seul viatique le petit livre blanc, un mini dictionnaire faisant office de "torche" destiné à éclairer sa lanterne flageolante, il relate donc ses aventures et mésaventures dialectologiques qui se déclinent en autant de divagations burlesques.
Car bien que dépourvu de nez rouge et ayant l'allure d'un parfait employé de bureau polissé en costume-cravate, ce double autofictionnel de Akihiro Nishida, un brin caractériel et doté d'un libre arbitre décomplexé lui permettant d'énoncer, avec une feinte naïveté, des "hénaurmités" comme de procéder à des évocations poétique et à épingler les dissonances culturelles, ressort résolument au clown.
Ballotté sur la mer sémantique comme une jonque face à un tsunami, il affronte, entre autres, le casse-tête des articles, les chausse-trappes de l'homonymie, ou comment la station de métro Duroc le mène au rock et à se transformer en "air guitar héros", et les quiproquos phonologiques qui amènent à demander du beurre et repartir avec des sardines, et livre quelques scènes d'anthologie comme la leçon de conduite ou celle des incongrus kangourous.
Avec force pantomimes et bruitages et usant de nombreux registres comiques, ce farceur Candide nippon relate donc "Les Tribulations linguistiques d'un Japonais découvrant la France" qui constituent de singulières et hilarantes curiosités d'autant qu'elles résultent de la rencontre, à la sauce saké, de l'absurde d'Eugène Ionesco qui a exploité les écueils de la méthode d'apprentissage Assimil et du surréalisme de l'humoriste Raymond Devos. |