Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Irène Nemirovsky, adaptation et mise en scène de Virginie Lemoine, avec Lucie Barret, Brigitte Faure, Serge Noël, Françoise Miquelis et Pascal Vannson.
Ecrit à la fin des années 1920 par la romancière russe de langue française Irène Nemirovsky, "Le Bal" opère un zoom sur un pandémonium familial à travers le ressenti de sa progéniture révoltée.
Pour célébrer leur revanche sociale, les Kampf, des plébéiens ayant subitement accédé à l'aisance financière, aspirent au paraître et, atteints de la folie des grandeurs, organisent un bal somptuaire pour éblouir et rabaisser leurs proches et, surtout, se faire adouber par la haute société mondaine.
Ce bal constitue l'opportunité pour leur fille, soumise aux affres de l'adolescence et en quête de l'amour d'une mère plus qu'indifférente, car la soumettant à de permanentes réprimandes et brimades, de fomenter une vengeance tant puérile que machiavélique et cathartique.
La partition originale est influencée par le réalisme social, avec une satire impitoyable des "nouveaux riches" de basse extraction aussi vulgaires que ridicules et, de manière indirecte, du Gotha des Années folles présenté comme licencieux et composé d'escrocs, gigolos et gourgandines, et les genres et thématiques littéraires de son temps, du portrait d'enfant à la Larbaud à la figure de la mère mauriacienne.
L'adaptation élaborée par Virginie Lemoine rend compte de ce syncrétisme qui trouve une correspondance théâtrale avec la comédie de moeurs, la satire sociale labichienne et la scène de ménage courtelinesque.
A la mise en scène Virginie Lemoine et Marie Chevalot ont opté pour un spectacle en décor et costumes d'époque, respectivement élaborés par Grégoire Lemoine et Christine Chauvey, et, alors que cette farce cruelle pourrait donner lieu à une comédie noire, pour le registre du vaudeville dont le jeu appuyé est tempéré par les soliloques de la narratrice interprétée par Lucie Barret.
Et pour camper les parents, Brigitte Faure, en femme et mère odieuse, grue sans envergure qui n'a pu que se faire épouser par un médiocre employé de bureau, celui-ci ne nourrissant aucune illusion à son égard mais ne pouvait sans doute prétendre à mieux, et Serge Noël ne font pas dans la dentelle tout comme Françoise Miquelis en professeur de piano rance et aigrie.
Mention spéciale à Pascal Vannson qui, nonobstant son rôle secondaire de domestique, compose parfaitement le regard extérieur porté de l'intérieur sur ce petit drame domestique lacé sous le signe du rire. |