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Carnival Of Sounds  (Il Monstro / Impersonal Freedom / L'Autre Distribution)  février 2017

Rompu à travailler avec l’image, le duo (batterie / synthés), Invaders propose une mise en musique du mythique film d’horreur d’Herk Harvey : Carnival of Souls (Le carnaval des âmes). Troublant et fascinant, ce film de 1962, prédécesseur de La Nuit des Morts-vivants de George A. Romero est, malgré de nombreuses qualités, tombés largement dans l’oubli.

Mettre en musique un film d’horreur n’est pas forcément quelque chose de facile, soit le musicien peut décider de s’en détacher complètement, soit il essaie de coller à l’image. Dans ce cas, il faut être capable, hormis de rendre musicalement l’atmosphère mystérieuse et étrange du film, d’éviter de tomber dans une musique sur-interprétative et sur référencée.

Bien que faisant songer à Goblin, John Carpenter ou Zombie Zombie, le groupe évite l’exercice de style, et emporte tout sur son passage. Modes, marches harmoniques tout en tension, tritons, bourdons dans les graves, intervalles diminués, crescendo subito tout y est, mais tout y est intelligemment agencé. La section rythmique, rappelant un peu le Krautrock tient un tapis sonore qui donne la sensation d’avancer sans répit, les mélodies accrocheuses se juxtaposent dessus et baignent entre rêverie et mystère. Et tout termine comme presque en apesanteur. Troublant…

Une belle réussite qu’il faut voir sous forme naturellement de ciné-concert (l’écoute seule du disque, même sans avoir vu une seconde du film, est aussi une belle expérience) qui nous donnait envie de poser quelques questions au groupe…

Qui est Invaders ?

Nicolas Courret : Invaders est un duo composé de David Euverte (synthés), et de moi-même, Nicolas Courret (batterie, synthé). David a joué notamment avec Dominique A, Ripley... Quant à moi, je joue avec Eiffel, Laetitia Sheriff entre autres...

D’où vient cette importance, et le rapport, que vous accordez en tant que musiciens pour tout ce qui est visuel (cinés concerts, B.O., compositions pour le théâtre, jeux vidéo…) ?

Nicolas Courret : David et moi avons, chacun à notre manière, un grand intérêt pour la musique à l'image. David a beaucoup d'expérience dans ce domaine et dans des registres très variés (ciné-concert, musique de film, de documentaire, théâtre, etc.). Il a du coup un rapport à la fois instinctif et immédiat mais en même temps très construit à cette relation musique / image.

Pour ma part, j'ai travaillé à plusieurs reprises avec des compagnies de théâtre, j'adore ça, mais bosser sur un film me démangeait depuis longtemps : je suis un grand dingue de cinéma, en particulier de cinéma fantastique. Et dans ce domaine, la musique a un rôle très important, voire fondamental. Je trouve ça très excitant d'être au service des images avec une volonté de les rendre encore plus fortes, d'accentuer une émotion dans la palette offerte par les comédiens, ou bien d'en modifier le sens, voire carrément induire des fausses pistes ! La musique a ce pouvoir.

De plus, je dois bien admettre que je me sens incapable d'écrire de la musique "pure". J'ai toujours besoin d'images - que ce soit du film ou du spectacle vivant - pour composer. Je pense déjà à d'autres idées de ciné-concert, de BD-concert... La suite rêvée serait de composer pour le cinéma !

Pourquoi avoir pensé au Carnival of Souls ?

Nicolas Courret : J'ai lu quelques pages sur ce film dans un numéro de Mad Movies, il y a quelques années. J'ai acheté le DVD et ça a été la claque ! Ce film, magnifique, novateur (il date de 1962 !), et totalement méconnu... Enfin pas tout à fait : si effectivement ce film est passé à côté du succès, il a inspiré de nombreux réalisateurs parmi les plus grands (Lynch, Romero, Carpenter... ils ne s'en cachent pas !). Je voulais saluer ce film qui mine de rien a marqué l'histoire du cinéma fantastique. Je voulais aussi rendre hommage à l'actrice principale Candace Hilligoss, qui est vraiment géniale et qui, malheureusement n'a joué que dans 2 films ! L'album lui est d'ailleurs dédié.

J'ai décidé de travailler sur "Carnival of Souls" d'abord sous forme de ciné-concert. Après une période de travail de composition en solo, j'ai proposé à David de me rejoindre dans cette histoire, nous avons monté le ciné-concert, et parallèlement, l'idée d'un disque à fait son chemin... Et nous y voilà !

Et comment avez-vous procédé pour composer cette nouvelle musique ?

Nicolas Courret : Après avoir vu le film pas mal de fois, j'ai rangé le DVD et je me suis mis à écrire des morceaux en pensant à certaines scènes, du moins au souvenir que j'en avais. Le film est ainsi resté longtemps sur l'étagère alors que je travaillais. C'est vers la fin de ce travail préliminaire, après avoir fait des maquettes, que je les ai collées sur le film... ça a été un moment assez magique : globalement ça marchait, il a fallu modifier des structures, des tempos, virer certains morceaux, mais ça marchait ! Le reste s'est fait en répétition avec David, de façon complètement différente : on a directement improvisé en visionnant certaines scènes, certains morceaux sont nés comme ça, ce qui a pour effet de "varier" un peu les plaisirs, je pense - et j'espère ! - que ça s'entend.

Le choix de remettre en musique un film est toujours périlleux, surtout quand il s’agit d’un film fantastique, comment arriver à gérer les passages obligés sans tomber dans les poncifs ?

Nicolas Courret : Je ne sais pas bien, ça dépend quels sont pour toi ces poncifs... peut-être sommes-nous tombés dedans ! L'idée était avant tout de ne rien s'interdire. Par exemple, je pense que dans la globalité du travail nous avons essayé de ne pas être trop "illustratifs", mais en se permettant toutefois de l'être totalement à certains moments, ce qui permet de jouer sur le contraste, de créer des ruptures, des surprises. Et puis chaque époque a ses lieux communs : nous avons là une musique écrite dans les années 2000, mais qui louche aussi vers les années 80, sur un film des années 60 ! Pour en revenir aux poncifs, il y en a certains que je trouve plutôt agréables, comme l'inévitable morceau "rock" du générique de fin dans certains films d'horreur. Le morceau "Carnival of Souls - Main Title" est composé dans cet esprit.

En quoi la musique de Gene Moore vous a influencée… ou pas ?

Nicolas Courret : Et bien pas du tout. Cette musique est très belle, très envoûtante, mais notre proposition est radicalement différente. Là où la partition de Gene Moore est très "ambient", très cotonneuse et mystérieuse, et transforme le film en une sorte de "cauchemar mou", nous avons voulu coller à l'image et proposer quelque chose de beaucoup plus dynamique.

C'est marrant, j'ai récemment lu l'autobiographie de Candace Hilligoss, elle explique clairement ce dont je me doutais : Gene Moore était un organiste local, embauché par le réalisateur, pour pas cher, et qui a improvisé (magnifiquement) mais sans forcément voir le film. Musicalement, nous sommes beaucoup plus proches de compositeurs ayant travaillé avec les réalisateurs que je viens de citer plus haut (Angelo Badalamenti, Goblin, John Carpenter "himself"). Une façon pour nous de rendre hommage à la fois au film "Carnival of Souls" et à Herk Harvey, mais également aux réalisateurs que ce film a influencé.

Avez-vous écouté la version qu’en a fait Pere Ubu ?

Nicolas Courret : Non. Toujours pas. Enfin, j'en ai écouté sûrement quelques extraits sans le savoir car j'ai vu Père Ubu sur scène récemment et j'imagine qu'ils ont joué des titres de cet album. Bon, au passage, je les ai vu 2 fois de suite (et je me faisais une joie !), et j'ai été plutôt déçu par leurs prestations, je ne m'étendrai pas... Mais j'écouterai quand même le disque !

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Invaders
Le Soundcloud de Invaders
Le Facebook de Invaders


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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
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"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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