Seul en scène écrit et interprété par Olivier Sauton.
Coup d'essai réussi pour Olivier Sauton avec son premier opus "Fabrice Luchini et moi", à l'affiche depuis 2014, un seul en scène sur le thème du dialogue maître-élève dans lequel un apprenti-comédien, son double juvénile autofictionnel, rencontre le comédien qui est son idole, son idéal et son modèle.
Le succès de cette pièce à deux protagonistes, et même trois avec le narrateur, pour un seul acteur tient, d'une part, à la personnalité de ce dernier, Fabrice Luchini donc, qui, s'avère un véritable personnage à la truculence hystérisée dont les interventions publiques, et notamment, les apparitions télévisées, s'apparentent à de surréalistes mini one man shows dont sont friands les "luchinistes".
D'autre part, à la qualité de la partition textuelle non seulement par son écriture mais par son propos soutenu notamment par l'héritage de leur maître commun, que fut Jean-Laurent Cochet, et l'influence des essais de Diderot et de la fonction "sacerdotale" du théâtre claudélien.
En effet, l'exercice du cours particulier auquel se prête le comédien à la notoriété établie ne vise pas qu'à livrer au débutant les secrets et ficelles du métier.
Il dispense également une apologie réflexive sur des grands auteurs de la littérature, du théâtre et de la poésie, comme sources inépuisables d'enseignement sur le sens de la vie, l'art et le paradoxe du comédien ainsi que la fonction presque philosophique, existentielle et mystique du théâtre avec le caractère épiphanique de la représentation.
Enfin, si les traits d'humour et les aphorismes chers à Fabrice Luchini n'y manquent pas, ils prennent une ampleur désopilante et jubilatoire quand le jeune homme à la libido compulsive amène le grand séducteur à deviser sur les choses de l'amour en épinglant les deux sexes à la manière de l'esprit français à la Sacha Guitry. Enchaînant de manière crédible, et avec virtuosité, les différents rôles,
Olivier Sauton campe le spirituel trublion avec un émérite mimétisme vocal et gestuel qui ne verse jamais dans la caricature tout comme le "jeune con" inculte dans la posture de l'acteur dont le bref et imaginaire compagnonnage scénique constitue un spectacle intelligent et divertissant ce qui n'est pas la moindre des gageures. |