Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Stefan Zweig mise en scène et interprétée par Caroline Rainette et Lennie Coindeaux.
Avant la présentation de ses poèmes dans la demeure de son père : le poète adulé disparu Karl Amadeus Franck, où une lecture publique est organisée, Friedrich Franck montre une grande nervosité. Il est accompagné de Clarissa Von Wengen, la biographe de son père et organisatrice de la soirée. Pièce de jeunesse du grand Stefan Zweig, "Légende d’une vie" datée de 1919 explore la filiation artistique et les relations complexes des membres d’une famille dont un voile nébuleux entoure le passé de l’écrivain célèbre. La pièce est ingénieusement adaptée par Caroline Rainette qui resserre l’action pour une version à deux personnages. Néanmoins et le seul reproche qu’on pourrait faire, cette version ménage moins d’interactions entre les personnages et moins de rebondissements. Même s’il ne s’agit pas de son meilleur texte, une fois encore avec "Légende d’une vie", Zweig décortique les mystères de la nature humaine dans ce drame qui tient autant de l’intrigue policière que d’une critique de la société bourgeoise de l’époque. Dans le rôle de Friedrich, qui devra en quelque sorte "tuer l’image du père" pour exister à son tour, le jeune Lennie Coindeaux montre une vraie sensibilité et beaucoup d’intensité. Ardent d’un bout à l’autre, il défend la pièce avec un bel engagement. Dans le rôle de la loyale Clarissa qui est celle qui permet à la vérité d’éclater, Caroline Rainette lui donne la réplique avec métier. La mise en scène de celle-ci (mis à part quelques petits détails) est tout à fait intéressante et crée à l’aide d’une simple mais efficace scénographie (un tulle blanc permet une projection d’images d’époque en noir et blanc), une ambiance très prenante qui restitue à merveille une ambiance surannée et romanesque. Pièce très "littéraire", "Légende d’une vie" n’en demeure pas moins une belle confrontation dotée d’un texte, comme toujours chez l’auteur autrichien, brillant. |