Tragi-comédie écrite par Arthur Lefebvre et interprétée par Rita Tchenko dans une mise en scène de Claire Dancoisne.
La notoire locution anglosaxonne "Home, Sweet Home", évocatrice de la douceur du foyer domestique, a inspiré à Arthur Lefebvre, pour l'écriture, et Claire Dancoisne, pour la mise en scène, une version nettement moins angélique et pacifique.
En effet, constituant un des opus de la série des "Petits polars" concoctés par le Théâtre de La Licorne, leur "Sweet Home", sous-titré "Sans états d'âme" et qualifié de "polar domestique en trompe-l'œil", s'inscrit dans le registre du conte noir, le genre du burlesque innervé d'humour noir et la forme de la tragi-comédie.
Brassant une pluralité de thèmes, dont les troubles de l'âge et de la solitude, les nuisances du voisinage, la misanthropie, la paranoïa et la mégalomanie, la partition retrace l'obsession délirante d'une occupante d'un immeuble collectif.
Ne supportant plus ses voisins, tous considérés comme sales, bêtes et bruyants, elle s'est lancée dans une vaste entreprise de harcèlement et use de toute la panoplie ad hoc pour les inciter au départ et cela fonctionne jusqu'au jour.
Cela pour demeurer seule en son "royaume", un royaume au demeurant bien modeste puisque l'immeuble est délabré tout comme sa cuisine dans son "jus" et son esprit psychotique, et, notamment, accéder aux appartements en étage à la vue plus dégagée et ensoleillée que son minuscule rez-de-chaussée.
Le Théâtre de la Licorne étant dédié aux arts marionnettiques et au théâtre d'objets, le spectacle se déroule dans un décor de cuisine surréaliste judicieusement désossés et "bricolé" par Alex Herman et des objets et animaux confectionnés par Maarten Janssens et Olivier Sion.
Sous la direction de Claire Dancoisne, la partition au comique violent repose sur le jeu scénique et, empruntant à la pantomime, une efficace dramaturgie du corps qui accompagne le texte mais constitue également une écriture non verbale.
Affublée de "lunettes yeux" qui lui donne un regard à la fixité égarée, en perruque blonde et robe rose évoquant une star yéyé des sixties, corps tout en tensions et en muscles, Rita Tchenko s'avère une interprète émérite qui transmet tous les dérèglements comportementaux du personnage dans une prestation qui ressort à la performance physique. |