Comédie de William Shakespeare,
mise en scène de Lisa Wurmser, avec John Arnold,
Jade Fortineau,
Léo Grange,
Adil Laboudi,
Flore Lefebvre des Noëttes,
Christian Lucas,
Marie Micla,
Yoanna Marilleaud,
Gilles Nicolas, et
Laurent Petitgand.
Lisa Wurmser a démontré son appétence et sa sagacité à mettre en scène des écritures singulières et des atmosphères intégrant la dimension de l'étrangeté de la réalité, tel le réalisme magique de Erri De Luca ("Montedidio") ou le "little language" de Virginia Woolf ("Entre les actes").
Et elle investit, avec discernement, "Le Songe d'une nuit d'été" de Shakespeare, axé sur les désordres de coeur se déclinant en plusieurs intrigues imbriquées, dont elle propose une approche qui s'affranchit du genre de la comédie féérique à grand spectacle qui lui est attaché depuis le 19ème siècle.
En effet, elle revient aux fondamentaux de l'oeuvre, dont la dimension méta-dramatique et le polymorphisme stylistique, ressortant au théâtre populaire et indique, dans sa note d'intention, la traiter comme "une fable qui se joue dans un cirque imaginaire".
Ainsi, le décor conçu par Sophie Jacob, une arche encadré d'étoiles et de petites lumières, qui peut évoquer une "stargate" matérialisant la perméabilité du monde des humains et de celui des êtres impalpables, se révèle constituer une entrée de piste circassienne.
Celle-ci sera tant le lieu de répétition d'une troupe de théâtre amateur menée par l'ordonnateur des fêtes et le charpentier (Flore Lefebvre des Noëttes et Christian Lucas) qui jouera un drame amoureux pour le mariage de leur souverain (John Arnold) avec la reine des Amazones (Marie Micla), que celui des mésaventures de la jeune Hermia (Yoanna Marilleaud), et de son amoureux Lysandre (Léo Grange), tentant d'échapper au mariage imposé par son père (Gilles Nicolas).
Poursuivis par Démétrius (Adil Laboudi) le prétendant agréé flanqué de son amoureuse transie (Jade Fortineau), ils arrivent dans un domaine enchanté où sévissent les sortilèges erratiques du lutin Puck (Laurent Petitgand) factotum du roi Obéron (John Arnold) en bisbille avec sa reine (Marie Micla).
Lisa Wurmser opère à l'anglaise pour concocter un étonnant "melting-pot", du bouffon à l'emphase, et du rire à l'émotion, avec des personnages se référant à des univers anachroniques.
Ainsi, entre autres, si ses choix tels Lysandre en équilibriste sur boule, Obéron qui ressemble à un lutin de "fairy tale", la reine des fées clone de Barbie sirène, et Hermia, en danseuse bauschienne, s'avèrent plaisants, celui de transformer le léger et facétieux esprit Puck en poussif et désenchanté rockeur sur le retour gratouillant sa guitare laisse dubitatif.
La troupe officie au diapason pour dispenser un divertissant spectacle choral dans lequel chaque comédien joue efficacement plusieurs rôles avec une mention spéciale pour l'interprétation janusienne de John Arnold et la fraîcheur de jeu de Yoanna Marilleaud et Léo Grange. |