Da Silva, c’est le type qui sait marier le désinvolte de ses textes et le velours de sa voix. Pour son nouvel album intitulé L’Aventure, il tire sur l’homonymie du terme pour nous conter des aventures toutes sentimentales et nous pousser vers l’aventure humaine. De l’intérieur vers l’extérieur.
Pour moi, Da Silva, c’est le type qui chante que l’amour ne suspend plus son vol, abattu en plein vol par la folie du sentiment. Oui, Da Silva est en paix avec ses émotions, et s’il les laisse s’emparer de lui, c’est uniquement pour le porter au-delà, pour le meilleur et pour le pire.
Et c’est sans aucun sarcasme que j’aime trouver L’aventure pop et tranquille, à l’image d’une promenade autour d’un lac artificiel par une superbe journée de printemps aux bourgeons timides. Les airs à la fois légers et précis envoûtent l’auditoire de volutes féminines. Da Silva joue la note de la séduction dans cet album, en piano mocassins et cordes de soie. De la femme qui se fiche de ce qu’on pense d’elle à l’homme qui trompe ses angoisses, Da Silva puise dans le registre de l’assurance optimiste, sans insolence. Le dandy pointe son nez.
Premier titre, première déclaration, "Je me fous de l’incendie, je fais feu de tout bois, je me moque de ce qu’on dit, la seule personne que j’aime c’est toi" ("La seule personne") piqué d’une trompette BB toute gainsbourienne, amour ôté de culpabilité, doté de l’aveuglement propre aux élans.
Du constat pessimiste des quotidiens pressés à brasser de l’air et courir après le temps, Da Silva chante la saveur de l’imprévu et des jours sans lendemain : "Puisque la vie s’affale, au contre-la-montre, puisque n’y a rien que dalle, qui résiste avec le temps, je préfère l‘aventure à tous les grands discours, les points de suspension, les allers sans retour ("L’Aventure").
Un bon gros carpe diem aux autres, au temps, à la société et ses pressions diverses, Da Silva se ferait-il philosophe ? Il faut bien avouer que la parade est tentante face aux glottes furieuses assénées par les médias et les voisins de tout type. "Il y a le printemps, il ne faut pas rester ici, ici tout est gris, je cherche un été permanent, sous n’importe quel tropique" ("Il y a").
D’un insomniaque soulé des tumultes journaliers, on arrive progressivement aux ivresses nocturnes bercées aux murmures de la nuit. Ici est son royaume, où tout n’est que calme, luxe et volupté. Puisque la nuit, tout est permis, pourquoi ne pas en profiter ? La note dominante de l’album a le goût des déambulations aléatoires dans une ville endormie. Quand il est délicieux de penser que tout le monde sommeille autour, être le veilleur à l’abri des regards :" Il se rendort, elle fume encore, elle sourit de le voir endormi, et elle préfère partir sans une question, sans au revoir, le cœur léger" ("La fille").
Poésies aux femmes, à la lumière et aux lendemains mélancoliques, Da Silva signe ce septième album avec des cordes vrombissantes d’infinie tendresse et de bienveillance envers ce commun des mortels sacrément mal barré. "Nos vies sont solitaires, nos plaisirs partagés" ("Nos vies solitaires"), "Un baiser sur le front, Je t’offre mon sourire à la hauteur de l’affront" ("Le sourire"), Da Silva s’affilie à un Stephane Eicher, côté grand tendre aux paroles timides et aux notes justes. Suave et intimiste.
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