Monologue dramatique écrit et interprété par Mélanie Lecarpentier sous la direction de Célia Granier Deferre.
A chacun a sa manière d'affronter la mort d'un être aimé nonobstant la modélisation des étapes du deuil par les professionnels de la santé psychique
Fille d'un marin emporté par la mer, Jeanne a épousé un marin qui, lui aussi, connaît le même sort et ce avant même qu'ils aient pu vivre leur histoire.
Dans son appartement devenu lieu de réclusion, paradoxalement refuge et cellule d'enfermement, la confrontation avec une réalité inacceptable, qui mène, peut-être, à la résilience, intervient par les mots, ceux du déni mais également du rassemblement de soi par la quête des souvenirs pour se reconstruire sans l'autre.
Avec "Jeanne ou la veuve déguisée", Mélanie Lecarpentier a écrit une partition monologale sur le mode du flux de pensée qui retrace, avec une sensibilité poétique et magnétique, ce corps-à-corps mental et physique avec l'absence et la douleur.
L'espace scénique qui évoque un radeau, avec la scénographie inspirée de Lucie Cassin soutenue par les lumières de Betty Nicolas, pose une atmosphère irréalité qui sied tant aux télescopages temporels induits par le registre de la voix intérieure qu'à la possible polysémie de la situation, de la sidération traumatique à la décompensation psychotique.
Comédienne gracile et lumineuse, Mélanie Lecarpentier dresse, sous la direction de Célia Granier Deferre, le portrait sensible d'une jeune adulte au terme d'un beau travail d'incarnation. |