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Interview  (Le Kalif, Rouen)  samedi 25 mars 2017

Rencontre avec Sean O’Hagan lors de son passage à Rouen pour son concert au Kalif, organisé par l’association Avis de Passage. Instant idéal pour partager avec lui les souvenirs de sa très longue carrière au sein des légendaires Microdisney, High Llamas et Stereolab. Anti-héros et légende des glorieuses 80’s et 90’s pop, c’est autour d’un verre de gros manseng que se croisent anecdotes et projets, Debussy et Gainsbourg, The Smiths et Arsene Wenger...

Sean, tu as fondé Microdisney, High Llamas, tu as joué avec Stereolab. Comment as-tu vécu toutes ces années ?

Sean O'Hagan : Avec beaucoup de plaisir. Cela paraît si loin... L’époque était différente, il y avait beaucoup de moyens mis dans la musique, nous faisions beaucoup de promos... Microdisney était un groupe plus alternatif que pop, c’était un groupe qui exprimait de la colère. J’ai démarré les High Llamas en essayant de sonner plus pop, bien que l’époque était grunge, très Seattle, Nirvana... Nous voulions faire une musique très mélodique... Les High Llamas furent finalement un groupe assez 60’s. Avec Stereolab, ce fut un vrai apprentissage, une expérience très alternative qui a nourri le son des High Llamas qui, du coup, se sont retrouvés plus expérimentaux, et se sont éloignés d’un son pur pop.

Tu as également collaboré avec des artistes tels que les Boo Radleys, Super Furry Animals, Beth Orton...

Sean O'Hagan : Martin Carr était un gars de Liverpool, très joyeux... J’ai bossé pour Creation sur des singles et des remixes, c’est un bon souvenir. Pour SFA, qui sont restés de très bons potes, j’ai surtout commencé à travailler les arrangements de cordes. Ma vie professionnelle est partie dans cette direction d’arrangeur, d’orchestration de cordes, j’ai travaillé avec plusieurs artistes japonais, européens, français.

Existe-t-il un artiste avec lequel tu aurais aimé collaboré ?

Sean O'Hagan : Jerry Dammers (The Specials), définitivement ce gars. La semaine dernière, nous nous sommes croisés au festival European City of Culture, où l’on m’avait commandé la musique de cérémonie. Globalement, j’aime travailler avec des artistes qui ont quelque chose de spécial, de différent, comme Solange, Robert Wyatt... J’écoute toujours de la musique, c’est une motivation et une source d’inspiration qui ne doit pas tarir. En ce moment, j’écoute de jeunes artistes anglais électro, Rev Garen, ils ont de très beaux sons, très étranges.

Et j’écoute toujours mes grands classiques Fauré, Debussy, la musique contemporaine anglaise et française du XXème siècle, les sons harmoniques et expérimentaux... du jazz également, Basil Kirchin, qui est maintenant décédé qui avait un son fantastique... j’aime beaucoup aussi Julien Gasc, un français, Dungeon qui sont suédois... et puis pleins d’autres dont le nom ne me vient pas à l’esprit... Disons que j’écoute énormément de musique, mais des sons novateurs, qui sortent des sentiers battus.

Ton premier single "Dolly" fut enregistré avec John Porter, producteur des Smiths, tu es un artiste de ces fantastiques années pop.

Sean O'Hagan : Cela paraît si lointain... C’était très excitant, nous étions jeunes, nous venions de quitter Cork pour s’installer à Londres, nous étions très ambitieux. Nous n’avions pas de moyens, nous nous débrouillions seuls, do it yourself, mais nous faisions partie de cette culture, de cette communauté de musiciens. Je pense que ce fut la dernière période où l’on pouvait composer du son innovant, après ce fut un retour en arrière, un son plus rétro. Cette période des Smiths, Cocteau Twins, 4AD était une époque très progressiste. Les années Blur / Oasis n’ont fait que regarder dans le rétro, et ils en ont fait une forme de copier / coller...

Tu es d’ailleurs considéré comme une légende de la pop...

Sean O'Hagan : Dis-le à ma femme, surtout quand elle me demande de vider la machine à laver, elle pense plutôt le contraire ! Pour être honnête, je n’ai jamais pensé cela, mais je suis toujours surpris quand j’entends les jeunes générations parler de ma musique, l’écouter, la connaître et l’apprécier, c’est cool ! La plupart des gens de mon âge sont devenus si sérieux, ils écoutent et jouent de la musique avec tellement de sérieux, alors qu’ils pourraient traverser les âges de la vie en restant naturellement pertinents et novateurs, ce que firent des artistes comme Gainsbourg, Moondog, Jerry Dammers...

J’ai lu dans plusieurs médias que tu es considéré comme le Brian Wilson anglais psychédélique.

Sean O'Hagan : J’ai rencontré Brian Wilson il y a plusieurs années, quand ma maison de disque voulait que l’on bosse ensemble. Wilson a expérimenté la musique, les prises de sons, la production... Inconsciemment, Wilson a certainement inspiré ma musique mais au même titre que des artistes comme Français de Roubaix, Left Banke, mais aussi les artistes électro, les musiciens africains, les brésiliens Jobim, Veloso, Buarque... Tous ces artistes ont changé ma conception et ma manière de faire de la musique.

Quelle est ta méthode de travail ?

Sean O'Hagan : Je travaille en permanence, j’écris tout le temps, c’est un leitmotiv, écrire, créer, composer... J’aime aussi travailler sur des demandes précises, cela permet de te concentrer et de te focaliser sur une ligne directrice à suivre, c’est très intéressant de se concentrer sur les besoins d’une commande, d’une personne...

Tes premiers textes étaient une réaction virulente contre le conservatisme, la religion. Où puises-tu l’inspiration de ton écriture ?

Sean O'Hagan : Avec Microdisney, c’était surtout Cathal (ndlr : Coughlan, co-fondateur du groupe) qui trouvait l’inspiration. Il y a longtemps, j’ai beaucoup voyagé, ce furent de belles expériences qui ont nourri mon écriture. Je pense que l’essentiel de mon inspiration vient de la vie de la communauté, de la vie des gens de ma rue, la vie dans les banlieues et les HLM dans laquelle tu retrouves tellement de choses complexes et multiples à raconter. Je ne suis toujours pas en paix avec la société, bien que je vieillisse...

Le plus important est de continuer à vivre éveiller au sein de la communauté, à s’intéresser aux gens, vivre avec les différences. Je continue à rester positif et créatif, à aider mon prochain. Je pense que si tu propages autour de toi quelque chose de positif que ce soit dans tes rapports aux autres, dans ton travail, tu en ressortiras quelque chose de bénéfique, qui te rendra plus heureux. Vivre relax, calme, souriant... pas besoin de posséder la terre entière ou tout l’argent du monde pour être heureux.

Quel regard portes-tu sur le monde actuel, la montée des nationalismes, l’intégrisme, le terrorisme ?

Sean O'Hagan : Le monde a radicalement changé depuis 15 ans. Les modes de communication ont changé la société, de manière très accélérée. Cela a cassé le savoir et la connaissance du monde. Le monde s’est ainsi globalisé. Le hic, c’est que la globalisation a enrichi les plus riches tout en paupérisant les plus pauvres. Cette globalisation a déstabilisé le monde en accentuant l’exploitation des peuples. Le nationalisme vient du fait que l’ouest a vu son niveau de vie baisser par rapport à des pays émergents comme la Chine, qui a vu ses classes moyennes bénéficier de la globalisation et du déplacement des industries et étant donné qu’il faut un coupable... d’où la montée des nationalismes.

Et cette montée se propage à travers le monde, les USA et Trump, Poutine, Erdogan, Faraj, Le Pen... En Irlande, le Brexit est très mal vécu et le peuple irlandais est très en colère contre le gouvernement anglais. Sortir de l’Europe va créer de nouvelles frontières et les irlandais ne veulent pas revivre le conflit passé. Nous vivons une époque terrifiante, l’Europe qui avait pour but d’éviter les conflits armés est bien en danger dans ses structures...

Tu as un lien particulier avec la France ?

Sean O'Hagan : C’est un pays que j’aime. Vous avez tellement d’artistes que j’adore. Boris Vian, Serge Gainsbourg, François de Roubaix, Gabriel Fauré, Claude Debussy... Ils furent novateurs et modernistes, ils ont permis l’éclosion de beaucoup de mouvements et de musiques différentes.

Il y a dix ans, tu as composé la BO du film "La vie d’artiste", du français Marc Fitoussi, comment as-tu vécu cette expérience ?

Sean O'Hagan : J’ai pris beaucoup de plaisir à composer cette BO, le film était très bon. Avec le recul, j’éprouve beaucoup de fierté à l’avoir fait, c’était un travail en duo avec Tim Gane (Mac Carthy, Stereolab). J’ai ensuite composé les musiques de deux autres films, "Copacabana" avec Isabelle Huppert et "La ritournelle", de belles expériences, mais vraiment différentes de ce que j’avais connu avant. Tu n’as pas toute la liberté que tu souhaites, tu dois suivre la ligne de la production. Tu te retrouves confronté à des points de vue différents en fonction du réalisateur, du producteur, de l’éditeur... Il faut débattre, échanger ses avis, faire des compromis avec tout le monde en somme.

Ton dernier album ("Here come the rattling trees") date de 2016, as-tu des projets en cours ?

Sean O'Hagan : Cet album des High Llamas était la bande son d’une pièce de théâtre dont j’avais écrit les dialogues. C’était six histoires imbriquées les unes aux autres autour d’un personnage, et orchestrées par le groupe.

Je pense que mon prochain projet sera une collaboration avec différents artistes avec lesquels je joue parfois comme François Marry (François and the Atlas Mountains), Will Oldham (Palace) et Thomas Jean Henri du groupe Cabane, le projet se fera peut-être en France d’ailleurs.

Si tu ne devais conserver qu’un seul souvenir de ta carrière...

Sean O'Hagan : Un truc joyeux quand même ! Peut-être les souvenirs de studios, d’enregistrements de morceaux, d’un seul coup j’étais capable de faire et de réaliser quelque chose, j’avais la sensation d’avoir une utilité, une essence dans mon existence.

Sean, ma dernière question, et je sais qu’elle te tient à cœur, pour la saison 2017-2018, avec ou sans Arsene (ndlr : Wenger, coach des gunners d’Arsenal) ?

Sean O'Hagan : Ah ah ! Cela fait vingt ans qu’il est là... Il a beaucoup apporté au club. Il est respecté et aimé des supporters et des dirigeants mais le jeu a changé, le monde du foot a changé... Est-il encore en phase avec le foot d’aujourd’hui ? Je ne sais pas...

Petit bonus vidéo, cadeau de Sean à Sébastien, une version improvisée et collective du mythique titre des High Llamas "Checking In, Checking Out".

 

En savoir plus :
Le site officiel de The High Llamas
Le Facebook de The High Llamas

Crédits photos : Bérengère Guillot (toute la série sur son Facebook)


Sébastien Dupressoir         
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