On est d’accord, Gilles Paris a un illustre homonyme, maison d’édition de sa fonction. Intéressons-nous à l’homme, prénom Gilles, nom Paris, auteur reconnu de Autobiographie d’une courgette (porté à l’écran) et lauréat de plusieurs prix littéraires (dont vous trouverez la liste complète en utilisant le clic et votre bien aimé navigateur).
Oui, la réponse est oui, attardez-vous sur Le vertige des falaises, son dernier roman à plusieurs voix. D’abord celle de Marnie, entre révolte et maturité trop tôt acquise. Elle aime se baigner nue dans les flots de son île, filer dans le lit de sa mère en phase terminale avec ses chaussures boueuses et s’asseoir sur la crête de falaises avec Jane, sa meilleure amie.
La voix d’Olivia, grand-mère de Marnie, fière comme une brindille balayée par les drames de sa vie. Entre un mari atroce et un fils superficiel, elle a su garder la tête haute et gagner l’amitié de Prudence, personnage discret, officiellement employée de maison, reconnue comme dame de compagnie (et de confiance). Et les voix du médecin, du curé, du coiffeur, de la fleuriste, de ces habitants de l’île ou du Continent qui détiennent chacun une pièce du mystère de cette richissime famille Mortemer.
Le roman est bâtit comme une cathédrale. Chaque voix, chaque chapitre est une pierre apportée à l’édifice, de ses fondations souterraines aux flèches vertigineuses, ce n’est qu’en connaissant chaque recoin que vous comprendrez l’ampleur du récit. Gilles Paris ne s’embarrasse pas de descriptions de ruelles, d’étendues fouettées par les embruns ou de pierres qui roulent sur les sentiers bordant les falaises. L’auteur a le talent de nous les montrer dans les regards de ses personnages.
Gilles Paris ne décrit pas ses personnages, ou si peu, ce sont leurs paroles qui les rapprochent de nos vies. Nous entrons dans les leurs, tels des confidents invisibles. Les secrets plombent les sourires de façade et ternissent la rutilance de l’argent qui coule à flot chez les Mortemer. Et pourtant, les personnages frappent par leur maturité, leur compréhension du monde face aux mentalités binaires les entourant.
La grand-mère Olivia aurait pu devenir amère et cynique au vu de son vécu, elle est pourtant bienveillante et profondément affectueuse avec Marnie, sa petite fille éprouvée par les secrets qu’elle a découverts. Discrète et curieuse, l’adolescente effrontée aime écouter aux portes, d’où elle comprend les relations complexes et aimantes des membres de sa famille disloquée.
Le vertige des falaises est un roman décrivant avec finesse et élégance l’amour filial. La force du récit réside dans le regard bienveillant que chaque membre porte sur les autres de sa famille, même les pires humeurs trouvent des circonstances atténuantes dans les yeux des aimés. Et la puissance de l’amour qui s’en dégage ressemble effectivement au vertige ressenti quand on s’approche du bord des falaises.
Emouvant et humain, ce roman se dévore comme un plat mexicain, à chaque bouchée, même à la fin, pas moyen de déterminer si les sensations sont agréables ou non, elles interpellent et tirent des larmes. Mais on y revient toujours.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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