Comédie dramatique de Lee Hall, mise en scène de Marc Delva, avec Hugo Bardin, James Borniche, Thomas Brazete, Solal Forte, Elodie Galmiche, Florent Hu, Marie Petiot (en alternance Anne Duverneuil), Paul Emile Petre et Emmanuel Rehbinder.
En 1934, un groupe de mineurs britanniques dans la ville d’Ashington se retrouve dans la salle de "La cabane" pour suivre des cours d’Histoire de l’Art sous la houlette d’un professeur venu spécialement de Londres, Robert Lyon.
Au fil des séances, leur goût pour la peinture va s’affirmer, leur technique s’affiner et tous vont progresser. L’un d’entre eux va être repéré par Helen Sutherland, amatrice d’art et mécène, qui lui propose de le payer autant qu’à la mine pour qu’il puisse se consacrer à sa peinture. Ce choix mettant à coup sûr le groupe en péril. La pièce de Lee Hall, "Les Peintres au charbon" (dont on avait pu voir une magnifique version mise en scène par Marion Bierry il y a quelques années) est sans doute un des plus beaux textes théâtraux qui soit sur l’art. Le scénariste de "Billy Elliot" (qui traite aussi du milieu ouvrier) y brasse de nombreux thèmes et notamment la valeur marchande de l’art ou la place de l’individu dans celui-ci. Dans ce beau portrait de groupe qui soutient la possibilité de changer le monde par l’art, nous suivrons donc sur une période de dix ans le destin et l’évolution d’un groupe d’ouvriers pas prédestinés à devenir artistes mais dont la sensibilité supplante l’académisme. C’est là l’émouvante démonstration de cette pièce (aux répliques percutantes et pleines d’humour) basée sur une histoire vraie. C’est une équipe jeune qui s’attaque cette fois à cette formidable pièce de l’auteur de "Face de cuillère" ou "La cuisine d’Elvis". La plupart n’ont pas l’âge des rôles mais qu’importe. Ils sont tous absolument crédibles en quelques minutes. En version tri-frontale, qui permet au public d’être au plus près de l’action, avec pour élément principal un tableau noir (pour annoncer les dates, les titres ou projeter des images) et des toiles blanches ou vides qui laissent libre l’imaginaire du spectateur, la scène se transforme en salle de cours ou d’exposition quasiment sans changement de décor. Ce qui est le plus touchant finalement dans la version de Marc Delva (qui dirige avec brio sa distribution), c’est de voir évoluer simultanément deux groupes : celui du récit et celui du Collectif La Cantine, aussi soudé que les mineurs qu’ils interprètent. On retient donc de ce spectacle le bel engagement et l’esprit "fraternel" qui y règne. Malgré des redondances dans le texte un poil bavard de Lee Hall (et c’est là son unique défaut), on ne lâche pas ces attachants comédiens qui défendent avec fougue et talent sur plus de deux heures le destin extraordinaire de ces mineurs anglais dans ce portrait social et engagé. Une bien belle réussite. |