Monologue tragi-comique de Copi interprété par Marilú Marini dans une mise en scène de Pierre Maillet.
Pierre Maillet, comédien et metteur en scène qui a déjà travaillé sur des textes de Copi et participé au "Copi, portrait" proposé par Théâtre des Lucioles, et la comédienne Marilú Marini, qui a connu Copi, son compatriote, et interprété plusieurs de ses opus, se retrouvent sur un spectacle conçu comme "une aventure autour de Copi".
Intitulée "La Journée d'une rêveuse (et autres moments...)", elle se présente comme une immersion dans l'univers théâtral sur-réaliste de l'écrivain, auteur dramatique, acteur, dessinateur dynamitant les codes de la bienpensance et figure emblématique du mouvement homosexuel des années 70.
Son oeuvre, inscrite dans l'héritage des anti-mouvements subversifs d'obédience actionniste de la décennie précédente, ressort aux contre-cultures qui éclosent pendant l'apocalypse joyeuse des "Années Palace" qui sont célébrées dans l'exposition "L’esprit français. Contre-cultures 1969-1989" à la Maison Rouge sur l'affiche de laquelle figure Copi, acteur adepte du travestissement, dans le costume d'un des personnages de sa pièce "Frigo".
Ecrite en 1983, "Frigo", dans lequel Copi incarnait également Golgotha, la vieille bonne aux gros sourcils avec un rat, son animal fétiche, qui figurera dans la fameuse publicité "Perrier, c'est fou", reprend le procédé d'une oeuvre de jeunesse "La Journée d'une rêveuse" que Pierre Maillet panache avec un texte autobiographique, "Rio de la Plata"; pour concevoir une partition kaléidoscopique.
Dans celle-ci, par ailleurs instillée de vignettes relatives au personnage emblématique de "La Femme assise", héroïne de la bande dessinée publiée pendant dix ans dans le magazine Le Nouvel Observateur, qui ouvre le spectacle avec une version copienne de la beckettienne Winnie, s'imbriquent donc les questionnements tant sur l'identité argentine que sur l'angoisse ontologique et la peur du vide portés par des personnages métamorphiques et surtout autofictionnels qui constituent le socle dramaturgique de Copi.
Ce spectacle-hommage est dispensé par Marilú Marini, "comédienne-monstre", qui investit et incarne avec une férocité cannibale la rêveuse, femme seule dans sa grande maison avec ses arbres à melons et son jardin de cadavres,
Avec les voix-off de Michael Lonsdale, Marcial di Fonzo Bo pour quelques scènes-dialogues et la collaboration du pianiste Lawrence Leherissey, elle réalise une éblouissante performance d'actrice qui repose sur sa maîtrise de la dramaturgie du corps, de la folie clownesque pour virevolter du rire à l'émotion, et une éblouissante énergie scénique.
De la femme en noir à la reine du music hall, Marilú Marini vampirise un public fasciné par cette traversée copienne de la vie "pour arriver à mourir en même temps que l’on meurt". |