Comédie féérique de William Shakespeare, mise en scène de Guy-Pierre Couleau, avec Sébastien Amblard, Marlène Baulmont, Clément Bertonneau, Pierre-Alain Chapuis, François Kergourlay, Anne Le Guernec, José Mantilla Camacho, Adrien Michaux, Ruby Minard, Martin Nikonoff, Carolina Pecheny, Achille Sauloup, Romaric Seguin, Rainer Sievert, Jessica Vedel et Clémentine Verdier.
Dans "Le Songe d'une nuit d'été", pièce de jeunesse qui ressort à la comédie féérique à grand spectacle en vogue en son temps, Shakespeare brasse les thèmes du désordre des amours et des pulsions, de la jalousie matrimoniale, des rivalités masculines et de l'émancipation féminine selon les déclinaisons du réel, de la réalité et de la fiction qui correspondent aux trois univers parallèles, le monde réel, celui de la cour, celui du rêve ou du fantasme et celui du théâtre pour désacraliser l'illusion théâtrale. Ainsi, alors que, dans une Athènes de fantaisie, le duc Thésée va épouser Hippolyte, la reine des Amazones, la forêt avoisinante, domaine des fées et des esprits éthérés, devient, durant une folle nuit, "the place to be" En effet, vers ce lieu, royaume du Roi des elfes qui est en bisbille conjugale avec la Reine des fées, convergent les amoureux voulant échapper à la rigueur du monde, Hermia amoureuse de Lysandre mais vouée à un mariage forcé avec Demetrius désespérément aimé par son amie Héléna, et les villageois artisans composant une troupe amateur venant répéter le spectacle prévu pour les noces. Un philtre magique, le suc de la fleur qui reçut une flèche de Cupidon, et un esprit malicieux qui se trompe de cible font le reste pour troubler l'ordre des choses et du désir. Après de multiples versions dont, entre autres, la "sixties Dim Dam Dom" de Nicolas Briançon, la potacherie adulescente de Guillaume Vincent et la fable circassienne de Lisa Wurmser, la proposition de Guy-Pierre Couleau, inscrite dans le registre du théâtre d'acteurs et le genre du rêve symboliste, s'avère aussi judicieuse et efficace que divertissante. Comme il connaît ses classiques et les leçons des maîtres dont celles de Jean Vilar qui, présentant cette pièce au Festival d'Avignon en 1959, prônait la simplicité du dispositif scénique et l'abandon des artifices pour privilégier le jeu fait par l'auteur et les interprètes et stimuler l'imagination du spectateur. Ainsi, en l'espèce, Laurent Schneegans anime le plateau nu de sobres effets laser pour signifer, avec également la création musicale de Philippe Miller, la frontière entre les mondes et Elissa Bier évoque le frémissement sylvestre essentiellement par un tapis impressionniste de feuilles de papier de soie aux couleurs printanières froissées. Dans cet environnement résolument poétique, les protagonistes et comédiens, en tenues contemporaines ou en délicats costumes de "fairy tales", qui siéent au sylphes (Marlène Baulmont et Ruby Minard), confectionnés par Laurianne Scimemi, s'adonnent au plaisir du jeu dans un registre de comédie moderne.
Si Rainer Sievert, dans le rôle de Puck, se livre à un numéro d'acteur un peu trop long et appuyé, dans les couples-miroir, Pierre-Alain Chapuis et Anne Le Guernec s'avèrent parfaits, lui en apportant une couleur d'opéra-bouffe, elle instillatrice de grâce même dans sa passion "animale" pour l'âne campé avec autorité par François Kergourlay qui forme avec Clément Bertonneau, José-Maria Mantilla, Martin Nikonoff, Carolina Pecheny et Achille Sauloup, la joviale troupe de cabotins en herbe.
Enfin Jessica Vedel, Clémentine Verdier, Sébastien Amblard et Adrien Michaux forment l'épatant quadrille d'amoureux "contrariés" qui ravit par sa fraîcheur notamment dans la scène endiablée résultant des bévues de Puck. Et donc un songe résolument pétillant, drôle... et charmeur. |