La Halle Saint Pierre a donné une carte blanche et la clé du lieu à un collectif pluridisciplinaire et informel d'artistes contemporains* pour présenter leurs oeuvres et celles de leurs homologues invités.
Si le collectif est anonyme, la monstration est titrée "Grand Trouble" et vise à "parler du monde dans sa violence, dans ses peurs et ses paradoxes, mais aussi dans son mystère et sa beauté".
Rien de plus pour éclairer une sélection de dessins, peintures, sculptures, photographies, installations et vidéos dont la mise en résonance est laissée à l'appréciation, et à la sagacité, du visiteur pour une manifestation qui oscille entre manifestation d'art contemporain et galerie d'art sans toutefois d'impératif marchand.
Grand Trouble... à déchiffrer
Avec un maigre viatique, un fil rouge qui serait celui du regard sur le monde, fil encore plus ténu, pour le néophyte, que celui du "carambolage jeanhubertmartinien", le visiteur déambulera dans les deux niveaux d'exposition au gré d'oeuvres qui ne s'inscrivent ni dans la même temporalité ni dans le même registre thématique.
Scandée par les sculptures-assemblages de Pavel Schmidt, tel le David déchaîné à la manière humoristico-satirique de Gilbert Peyre, la monstration comporte, entre autres, quelques vidéos de l'acte créateur, tel celui dynamique et violent de Chantalpetit accoucheur de vrais faux météores.
L'amateur retrouvera ses marques avec des photos de la série "Femmes algériennes" réalisées en 1960 par Marc Garanger vues notamment au Musée du Quai Branly ou celle de la tête d'affiche Tomi Ungerer, les loups de béton de Olivier Estoppey datant de 2007 qui furent exposés en 2008 dans le jardin du Palais-Royal et les dessins de Marcel Kachutevski régulièrement présenté à la Halle saint Pierre.
Alors que l'art conceptuel et les installations plasticiennes tiennent le haut du pavé du marché de l'art actuel, en l'occurrence, une place de choix est faite à la peinture et essentiellement la peinture figurative avec
Gilles Aillaut, un des principaux représentants de la Figuration narrative des années 1960, avec, en l'espèce, sa peinture animalière.
De même avec l'hyperréalisme hopperien de Emilienne Farny, peintre suisse née en 1938, qui voisine avec celui post-moderne de Sylvie Fajfrowska, de vingt années sa cadette, dont les représentations glaçantes et "vides" de la femme-mannequin qui évoque le travail de la photographe plasticienne Valérie Belin.
Une quarantaine d'artistes à (re)découvrir à l'aune également des conférences qui accompagneront l'événement.
* les peintres Alexandra Roussopoulos, Sylvie Fajfrowska et Alain Frentzel, les dessinateurs Marcel Katuchevski, Frédéric Pajak, Joël Person, Anna Sommer, Micaël Queiroz, Yves Nussbaum et Mélanie Delattre-Vogt, le graphiste-photographe Marc Prudent, le sculpteur Pavel Schmidt, le scientifique Matthieu Gounelle, l'écrivain Philippe Garnier et la traductrice littéraire Julie Bouvard |