Conférence théâtralisée d'après l'oeuvre de Rabelais conçue et dispensée par Didier Galas.
Avec son compère l'artiste visuel Jean-François Guillon co-fondateur de la bien nommée Compagnie Les Hauts Parleurs, le comédien et metteur en scène Didier Galas explore l'oeuvre-monde de Rabelais, haute figure du 16ème siècle français, avec autant de jubilation que de passion pour la sagacité de ses réflexions philosophiques et autres que son art scriptural.
Griot contemporain qui se délecte du vieux français et de la truculente et prodigue invention verbale rabelaisienne, locuteur inspiré en adresse directe au public et passeur de textes, Didier Galas propose, sous une forme hybride qui emprunte au monologue, au conte théâtralisé et à la conférence illustrée de découvrir "La Vertu Héroïque" telle que conceptualisée dans le "Tiers Livre des faits et dits Héroïques du noble Pantagruel".
Celle-ci repose sur un éloge de la dette qui, à l'instar du prêt d'argent qui lie "debteur et "prêteur", crée le lien social indispensable à la vie, et à la survie, de toute communauté, dispensé par le docte et bouffon Panurge au terme d'un raisonnement empruntant donc à la science économique ainsi qu'à l'organicisme.
Le choix du comédien n'est certes pas fortuit car ce texte à l'argumentaire aussi sophiste que paradoxal se prête doublement voire triplement à la transposition scénique.
D'une part parce que la faconde langagière de l'auteur s'inscrit dans l'art de la parole pratiquée par le comédien, et, d'autre part, en raison de la structure même du discours dont l'argumentation rhétorique use de la figure de style de l'hypotypose pour l'illustrer de manière pittoresque.
Et ce faire Panurge adopte la posture de l'acteur en représentation, et donc l'illusion théâtrale pour, au terme de ce qui s'apparente à une scène de genre, sinon convaincre son auditoire, en l'espèce son locuteur Pantagruel, du moins le fasciner et, peut-être, lui "vendre pour lanterne vessie".
Lutin facétieux à la gestuelle chorégraphiée, Didier Galas se délecte de cette prose jubilatoire, soutenue, en l'occurrence, par les dessins pictogrammes de Jean-François Guillon, et dispense une roborative performance. |