Partition dramatique de François Bégaudeau, mise en scène de Valérie Grail, avec Côme Thieulin et Raphaël Almosni.
Ecrit par François Begaudeau, lui-même enseignant avant de se consacrer à l'écriture, la partition de "Contagion" aborde le parcours d'un professeur d'histoire cinquantenaire qui s'essaie au journalisme collaboratif puis au théâtre de résistance comme échappatoire à un malaise destructeur.
Mais également une tentative de résilience face au burn-out qui s'avère tant professionnel, au regard de la novation de la finalité éducative de l'école, qui n'est plus la délivrance d'un savoir, tout comme celle qui affecte son destinataire qui ne doit plus être considéré comme un élève mais comme "un jeune", qu'intellectuel face à la surmédiatisation et notamment l'intoxication médiatique autour du radicalisme et du terrorisme islamiste.
En trois séquences en forme de confrontations binaires placées sous une thématique conceptuelle, Contamination, Radicalisation, Exfiltration, François Bégaudeau brasse tous tous les lieux communs, croyances et terminologies contemporaines qui agitent les organes de presse, le PAF, notamment les chaînes télévisuelles d'information en continu, les "pure players" du web et les réseaux sociaux.
Ainsi le "prof" déboussolé campé par Raphaël Almosni échange, à la manière du "café du commerce", sur des sujets hautement polémiques (débat sécuritaire, complotisme, terrorisme, radicalisation, communication intergénérationnelle, franc maçonnerie, illuminati, propagande, manipulation de l'information...) avec un "jeune", un rédacteur en chef d'un magazine en ligne de "breaking news" et un auteur-metteur en scène "engagé" pour lesquels Côme Thieulin réalise une convaincante prestation fregolienne.
La dernière scène se révèle la plus intéressante et interpellante d'autant que le texte résulte d'une commande de la metteuse en scène Valérie Grail.
En effet, avec un sens aigu de l'(auto?)dérision, elle procède à une remarquable analyse de la portée sinon du rôle du théâtre dit "politique" et le narcissisme ambiant qui pousse chacun à vouloir absolument diffuser son opinion, avatar scriptural du selfie, qui ajoute du "bruit" à la cacophonie bruitiste environnante. |