Décourverte
par le grand public comme co-auteur de l'album de la consécration de
Henri Salvador, la plus française des hollandaises Keren
Ann revient sur le devant de la scène avec 2 albums dans la
foulée.
Dans le premier, intitulé "Not going anywhere", chanté
cette fois ci en anglais (après avoir conquis la France ne faut il pas
revoir ses ambitions ), on remarquera la présence de Bardi Johannson,
membre du groupe islandais Bang Gang
qui l'avait invitée sur leur album.
Mais ici, c'est à de mystérieux Lady & Bird que nous allons
nous intéresser. Un projet étrange avec à sa tête
mademoiselle Lady et monsieur Bird donc. Deux êtres venus d'ailleurs (mais
on ne saura pas d'où puisqu'ils avouent (?) eux mêmes ne pas savoir.
Ils affirment s'être retrouvés ensemble dans des studios aux 4
coins du monde, téléportés comme monsieur Spok). Autrement
dit, Keren et Bardi se prennent pour des martiens, incarnés dans des
corps d'adultes et se comportant comme des enfants.
Car "l'histoire de Lady and Bird" comme
se nomme officieusement cet album est écrit à la manière
d'un conte pour enfant avec une série de petites histoires, allant de
la rencontres de Lady et de Bird à la fin fatale. Les voix des deux personnages
sont comme celles que l'on entend dans les dessins annimés, des petites
voix nasillardes très tristes, comme sur la chanson qui clot l'album
et qui pourrait tirer des larmes à plus d'un d'entre nous. Cette petite
ballade folk acoustique qui semble pourtant bien simple à coté
de la production plus électronique du reste du disque intitulée
"La Ballade of Lady and Bird" est en effet un petit chef
d'oeuvre très émouvant (je sais, je suis trop sensible). Bien sûr toutes les chansons ne sont pas aussi "naives" et ne
sont pas chantées ainsi. Si les ballades mélancoliques retiennent
d'avantage notre attention (le très raffiné "Blue Skies"
que ne renierait sans doute pas Beth Gibbons ou le plus entrainant
"Walk real slow" et son imparable refrain renforcé
d'une ligne de basse efficace et discrète) il faut aussi reconnaitre
que les morceaux plus électronique comme notamment "Shepard's
Song" est redoutablement efficace aussi. Une sorte de chaud froid
mélangeant rythme digne d'un dancefloor avec le côté comptine
enfantine dont je parlais plus haut.
Ainsi entre deux rupture de rythme les personnages sont présentés
par une voix traffiquée que l'on croirait venu d'un autre monde... ou
d'un manga et les personnages entrent en scène ("I'm Lady, I'm bird
but I cannot fly").
Après ce morceau, se trouve la première des deux reprises "Stephanie
says". Un classique sur lequel il est plus facile de se planter que
de faire quelque chose d'original. La version de Lady and Bird est plutôt
bonne, le parti étant pris de faire un morceau finalement très
proche de l'original hormis la guitare beaucoup plus folk.
Quant à la seconde reprise, un autre casse gueule, c'est "Suicide
is painless", BO du célèbre M.A.S.H. repris assez sobrement
composé d'une harmonie de voix accompagnée également d'une
guitare sèche. Impeccable.
Les 10 titres de ce disque qui tiennent d'ailleurs en seulement 37 minutes,
sont faits de mélodies simples, telles des berceuses parfois et se réécoutent
sans lassitude. Simplicité d'écoute seulement car il est évidement
que cet album est parfaitement maitrisé et que la production n'a rien
laissé au hasard.
Après le nouvel album de Keren Ann et avant le prochain de Bang Gang,
vous n'avez aucune excuse pour ne pas vous précipiter sur l'histoire
de Laby & Bird... reste à savoir dans quels autres corps ces petits
êtres reprendront formes.... |