HHhH
Réalisé par Cédric Jimenez. France. Drame historique. 2h00 (Sortie le 7 juin 2017). Avec Jason Clarke, Rosamund Pike, Jack O'Connell, Jack Reynor, Mia Wasikowska, Stephen Graham, Céline Sallette et Gilles Lellouche.
Le best seller de Laurent Binet sorti en 2010 est un pur chef d'oeuvre qui avait vallu à son auteur le prestigieux prix Goncourt. Il décortique avec une précision clinique les ressorts psychologiques d'une des figures du IIIème Reich.
L'adaptation sur grand écran qu'en fait Cédric Jiminez n'atteint pas les sommets du roman mais tire plutôt bien son épingle du jeu.
Dans une mise en scène maîtrisée de bout en bout et un style aux accents de vidéo-clip - utilisés avec parcimonie -, le réalisateur montre à son tour comment l'humiliation d'un homme conduira Heydrich vers les plus hautes responsabilités du régime, gravissant rapidement les échelons jusqu'à parvenir à la tête de la Gestapo puis du protectorat de Bohème-Moravie. Renvoyé par l'armée, sa réhabilitation devient une obsession et le zèle qu'il mettra à l'éradication des Juifs lui permettra de laver l'affront.
Le comédien Jason Clarke incarne avec une froideur terrifiante ce personnage central de la seconde guerre mondiale, central en ce sens qu'il définira pour Hitler la mécanique infernale de la solution finale.
"HHhH" s'attache à conter l'ascension d'Heydrich grâce à une détermination sans faille et des méthodes toujours plus radicales et violentes, la préparation de l'attentat qui lui coûta la vie mais aussi la domination que sa femme exercera un temps sur lui pour créer un monstre sanguinaire et impassible.
Domination qui s'inversera peu à peu, l'élève brulant de dépasser son et ses maîtres. L'élimination d'Heydrich ne marquera qu'une pause dans la folie ravageuse.
Le film le suggère avec subtilité et force. Seule petite gêne : celle d'avoir tourné en anglais avec des comédiens dont les accents ne matchent pas avec les nationalités des différents protagonistes.
MARIE-FRANCINE
Réalisé par Valérie Lemercier. France. Comédie. 1h354 (Sortie le 31 mai 2017). Avec Valérie Lemercier, Patrick Timsit, Hélène Vincent, Philippe Laudenbach, Denis Podalydès, Nadège Beausson-Diagne, Marie Petiot et Anna Lemarchand.
Valérie Lemercier vaut une grande admiration pour Etienne Chatillez, l'un des premiers metteurs en scène qui fit appel à elle en tant qu'actrice.
Chacune de ses réalisations en porte la trace. Non que ce dernier opus soit totalement raté, il lui manque ce grin de folie dont Lemercier fait montre sur scène.
La direction d'acteurs est très contrôlée, trop sans doute pour les autorisés à lâcher les chiens. Sans compter que le thème de l'adulte contraint de revenir (ou de rester) chez ses parents est un peu éculé.
Alexandra Lamy et Josiane Balasko formaient un tandem plus solide dans "Retour chez ma mère". Et "Tanguy" de Chatillez, précisément, reste la référence que Lemercier ne tutoie pas.
L'AMANT DOUBLE
Réalisé par François Ozon. France. Thriller. 1h47 (Sortie le 26 mai 2017). Avec Marine Vacth , Jérémie Renier, Jacqueline Bisset, Dominique Reymond et Myriam Boyer.
Le réalisateur François Ozon nous a habitué à venir sur tous les terrains. Il nous a aussi habitué à tellement mieux, dans des films de genre aussi différents que "Potiche" ou "Franz".
Jérémie Rénier et Marine Vacth sont fades et peinent à donner vie à un thriller alambiqué et peu crédible auquel on ne croit pas vraiment. Il eut été judicieux de ne pas tout dire, de laisser des zones d'ombre et de mystère pour troubler davantage le spectateur qui s'ennuie rapidement. Cannes n'a pas été emballé...
La sublime affiche présentant une photo surexposée ne tient pas ses promesses. Rien de bien grave puisqu'il d'agit du seul faux pas d'un des meilleurs représentants du cinéma français.
RODIN
Réalisé par Jacques Doillon. France. Biopic Fiction. 1h59 (Sortie le 24 mai 2017). Avec Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele, Edward Akrout, Zina Esepciuc, Olivia Baes, Lea Jackson et Magdalena Malina.
Grosse déception que ce biopic contant l'histoire du génie de la sculpture.
On trouvera Vincent Lindon moins convainquant et plus terne qu'à l'accoutumé. Izia Higelin lui donne la réplique avec intelligence et malice.
Mais le ton manque de fièvre pour dire la passion qui les animait en art comme dans leur relation amoureuse mâtinée de compétition et de jalousies.
Vents d'Orage |