CE QUI NOUS LIE
Réalisé par Cédric Klapisch. France. Comédie dramatique 1h45 (Sortie le 14 juin 2017). Avec Pio Marmai, Ana Girardot, François Civil, Jean-Marc Roulot, María Valverde, Karidja Touré, Florence Pernel et Jean-Marie Winling.
Cédric Klapisch voue une passion pour la jeunesse et le passage du temps. On peut aisément lui reprocher son manque de prises de risque, à toujours et encore revenir sur ses thématiques de prédilection.
Mais il le fait avec un tel naturel que ce "travers" lui sera à chaque fois pardonné.
En revanche il fait partie de ces réalisateurs de renom qui savent repérer les jeunes talents. Si Pio Marmaï et Ana Girardot comptaient déjà parmi la fine fleur des comédiens de leur génération, ce film nous permet de découvrir François Civil, déjà très à l'aise dans un rôle où l'hésitation, le manque de confiance en soi et la gaucherie restent des domaines du jeu délicats à incarner.
Klapisch embarque le spectateur dans des paysages bourguignons, ceux de la dureté des exploitations viticoles où l'amour du vin a un prix, celui du travail de la terre, une saison succédant à la suivante et apportant son lot d'inquiétudes, de rencontres et de dépenses physiques.
Les trois personnages de la fratrie mesurent chacun à son tour les angoisses existentielles et l'impératif de se serrer les coudes au risque de tout perdre et de se perdre soi-même. Les uns constituant une part indivisible des autres.
On redoutera peut-être les naïvetés du premier tiers du film mais, là encore, faites confiance au savoir-faire du réalisateur qui usait déjà de ce truchement scénaristique dans "Le péril jeune" ou "L'auberge espagnole". Elles n'en donnent que plus de réalisme et d'épaisseur à des personnages qu'on aime le voir aimer.
L'AMANT D'UN JOUR
Réalisé par Philippe Garrel. France. Drame. 1h16 (Sortie le 31 mai 2017). Avec Eric Caravaca, Esther Garrel et Louise Chevillotte.
La famille Garrel est décidément étonnante. Philippe Garrel avait déjà sublimé la magnétisme noir de son fils, Louis. C'est ici sa fille Esther Garrel, quasi jumelle de son frère Louis dans le physique et la justesse d'interprétation, qu'il met en lumière.
Les films de Garrel ne font pas de bruit. Et c'est bien regrettable car il gratte ses personnages jusqu'à l'os pour en rendre toute l'essence dans une esthétique très pure. Il ôte de ses scenarii toutes boursoufflures pour ne retenir que l'important.
Pour preuve un long métrage d'à peine une heure et quart où pourtant les relations amoureuses se trouvent dépeintes avec une force et une absence de falbalas proprement bluffantes. Eric Caravaca, lui aussi tout en retenue, et Louise Chevillote servent idéalement l'intention du maître.
K.O.
Réalisé par Fabrice Gobert. France. Thriller. 1h55 (Sortie le 21 juin2017). Avec Laurent Lafitte, Chiara Mastroianni, Pio Marmai, Clotilde Hesme, Zita Hanrot, Jean-Charles Clichet, Sylvain Dieuaide et Jean-Francois Sivadier.
On sent un soucis permanent du réalisateur Fabrice Gober, de planter un climat anxiogène, notamment par le biais de la bande son et des expressions de visage souvent figées dans des moues inquiètes ou perplexes.
Les références, en particulier au "Fight Club" de David Finsher, sont un peu trop marquées et pas totalement digérées. Mais le film tire un assez bon parti de son casting, notamment du toujours impeccable Laurent Laffite ou de la belle et sombre Chiara Mastroianni.
On devine, sans que le scénario ne force le trait, que le personnage central vit une expérience de mort imminente infernale qui le mettra face à lui-même, homme glacial et carriériste. Une expérience qui pourrait bien le conduire à la rédemption.
A voir malgré quelques longueurs.
LES EX
Réalisé par Maurice Barthélémy. France. Comédie. 1h24 (Sortie le 21 juin 2017). Avec Jean-Paul Rouve, Maurice Barthélémy, Claudia Tagbo, Patrick Chesnais, Baptiste Lecaplain, Stéfi Celma, Arnaud Ducret et Alice David.
Beaucoup (trop) de films ont cru bon de traiter de ce sujet dans des comédies rarement inspirés où la vengeance semble le seul ressort pour dire ce qui se passe après, après que la passion se soit éteinte, après que l'amour ait passé.
Celui-ci fait mine de tomber dans le piège mais fait peu à peu montre de plus de corps, d'épaisseur.
Les drames de la vie, autrement plus graves qu'une séparation, rattrapent les protagonistes, les incitant ou les obligeant à prendre de la hauteur et à se remettre en question pour grandir et prouver à leur ex comme à leurs proches qu'ils peuvent dépasser leur peine et leur amertume.
Tout n'est pas réussi, notamment un montage quelque peu brouillon. Mais on s'attache à cette production chorale qui n'est pas sans rappeler le travail d'un certain... Claude Lelouch. Alors soyons magnanimes, Maurice Barthélémy possède une qualité essentielle pour faire mieux les fois prochaines.
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