Comédie de Philippe Sohier, mise en scène de Delphine Gustau et Serge Bonafous, avec Serge Bonafous et Sandra Luce (en alternance Cloé Horry).
Avec "Les Fêlés", Philippe Sohier renouvelle le genre de la comédie romantique et non seulement en intégrant le clivage comportemental qui a fait florès depuis son énonciation imagée - "les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus" - par le psychothérapeute John Gray.
Car sa partition de format court à l'écriture iconoclaste fait le grand écart entre les registres du comique et du dramatique tout en remixant la problématique de l'homogénéité du fond et de la forme, en l'espèce, respectivement grave et légère.
Sous-titrée "Un couple improbable entre secrets et folie", elle repose sur une trame effectivement tout aussi improbable que l'amour qui va unir ses protagonistes, deux handicapés du sentiment, voire de la vie, une névrosée "pouet-pouet" et un olibrius brut de décoffrage, pour lesquels le terme "fêlé", sans davantage de précision afin de ne pas divulguer leurs inattendus secrets, est à prendre au pied de la lettre.
La dualité précitée est gérée avec sagacité par Delphine Gustau et Serge Bonafous qui respectent son équilibre instable en évitant le recours, et l'écueil, du sur-jeu de la mise en scène propre au café-théâtre auquel pourrait inciter l'humour burlesque parfois aussi noir que trash de Philippe Sohier qui ne s'embarrasse pas du politiquement correct.
Pour délivrer cette histoire traitée en flash-back qui apporte une touche de suspense cueillant souvent à froid le spectateur et incarner de manière crédible et sensible ce couple atypique, des révélations convaincantes : Sandra Luce peu vue sur scène et Serge Bonafous souvent vu mais dans le répertoire du comique appuyé du one man show qui prouve qu'il a plus d'une corde à son arc. |