Talc de verre parue aux Editions ça et là en 2016, est une BD écrite et dessinée par Marcello Quintanilha, l’auteur de Tungstène qui a reçu le fauve d'or d'Angoulême en 2016.
Ce Brésilien nous raconte, au travers de ces dessins et de sa narration, cette différence de classe que l'on ressent encore de nos jours dans l'état de Rio de Janeiro. Mais il y évoque aussi avec justesse un suspense psychologique face à la dépression.
Rosangela fait partie de la classe supérieure. C'est une femme qui a tout réussi. Elle est dentiste de profession avec son propre cabinet, une belle maison, deux beaux enfants et un mari cardiologue fou amoureux d'elle. Vous savez qu'il lui a même offert une voiture ? La vie est merveilleuse ! Mais il y a Dani, sa magnifique cousine qui affiche, malgré les épreuves, un sourire éclatant. Pourquoi Dani sourit-elle ? Elle qui vient de divorcer, qui vit dans un quartier pauvre et qui retourne vivre chez ses parents. Ce n'est pas que Dani soit inférieure et devrait être malheureuse, ce n'est pas ce que Rosangela dirait mais c'est plus une sensation qu'elle éprouverait.
Ce sentiment d'insatisfaction que Rosangela connaît devient incessant au fur et à mesure que l'on avance dans la BD. Les petites cases qui se succèdent reprennent très justement cette petite voix dans sa tête. La mise en scène renforce ce sentiment oppressant, cette impression négative qui s'insinue comme une petite musique.
Cette BD nous parle de la place que l'on a dans notre société, de notre éducation qui stéréotype notre vie et le bonheur. Cette quête qui peut nous obséder jusqu'à la maladie. Le bonheur est un état global, il présente un équilibre. Rosangela perd petit à petit cet équilibre qui lui maintenait la tête hors de l'eau. Marcello Quintanilha nous aspire dans cette spirale infernale en nous interrogeant sur notre propre bonheur, cet état de satisfaction complète.
Je dirais que Talc de verre est un récit actuel et universel, chacun à notre niveau nous cherchons cette satisfaction et Marcello Quintanilha arrive à nous entraîner dans ce gouffre. Et pour vous ? C'est quoi le bonheur ? |