Monologue dramatique écrit et mis en scène par Stéphane Auvray-Nauroy interprété par Julien Kosellek.
La partition de "La voix de Samuel Beckett" élaborée et mise en scène par Stéphane Auvray-Nauroy ressort à l'évocation de l’écrivain Samuel Beckett et de la présence au monde qui innerve son processus créateur.
Hybridant soliloque et profération en adresse au public avec une pointe de mise en abîme, elle s'inspire d'un ouvrage du psychanalyste et universitaire Didier Anzieu qui s'est penché sur la relation entre la créativité artistique de l'auteur irlandais et son rejet d'une psychothérapie initiée dans sa jeunesse avec le psychiatre Wilfred Bion en soutenant que son oeuvre se composerait d’associations libres adressées à un psychanalyste fictif.
Stéphane Auvray-Nauroy parvient, à partir du récit tragi-comique de cette tentative d'analyse avec un praticien qui a de l'humour, à tracer le portrait et l'univers du premier des clowns beckettiens.
D'une part, il esquisse la figure de Beckett, atrabilaire quasi-célinien auto-centré avec sa détestation des autres ("les gens sont des cons"), sa personnalité névrotique liée à l'enfance, notamment à la Gestalt maternelle, et son errance existentielle placée sous obédience de la pulsion de mort.
D'autre part, il met en exergue la spécificité du langage beckettien, fondé sur la ratiocination, qui n'est plus conçu dans sa fonction première de la communication et du sens, mais comme un moyen de remplissage du vide, de lutter contre le silence et de tromper le temps en attendant la fin.
Jamais ennuyeux et délibérément jubilatoire, ce monologue au format court et efficace, est de plus superbement porté sur scène par Julien Kosellek. |