Monologue dramatique de Koffi Kwahulé mis en scène par Alexandre Zeff, interprété par Ludmilla Dabo accompagnée par les musiciens du Mister Jazz Band. C’est en musique que s’ouvre cette version du texte de Koffi Kwahulé proposée par la Compagnie La Camara Oscura. Jamais ce poème d’amour qui a pour cadre un fait divers sordide n’avait été mis autant en musique. Celle-ci était déjà présente dans une très belle version de "Jaz" datant de 2008 et mise en scène par Esther Bastendorff pour la Compagnie les Quatr’elles, qui en donnait alors une version chorale accompagnée d’un saxophone. Ici, c’est un ensemble de jazz tout entier, le Mister Jazz Band, qui donne le tempo et accompagne la tragique histoire de "Jaz" dans cette pièce qui traite de la violence faite aux femmes. Ce choix du metteur en scène Alexandre Zeff est absolument cohérent tant l’écriture de Koffi Kwahulé est musicale et rythmée à l’image de "Blue scat" une de ses autres pièces par exemple. Frank Perrolle (guitare), Gilles Normand (basse), Louis Jeffroy (batterie) et Arthur de Ligneris (saxo) zèbrent l’espace de leurs notes douloureuses ou révoltées, suivant le calvaire et le soulèvement de Jaz. Et accompagnent ses moindres émotions jusqu’au paroxysme. Autour du podium-cabine de sanisette éclairé de néons (superbe scénographie et lumières de Benjamin Gabrié), Ludmilla Dabo, voix posée et maîtrisant tous les méandres du récit fascine d’un bout à l’autre. Impériale, qu’elle se déplace dans les allées pour conter son histoire ou qu’elle chante avec le groupe, elle réalise une prestation à couper le souffle. Hypnotique et fiévreux monologue restitué par une actrice-chanteuse exceptionnelle dirigé au cordeau par Alexandre Zeff, "Jaz" donne à ce sombre épisode une beauté vénéneuse que la puissance vocale de la chanteuse et la qualité des musiciens subliment jusqu’à la perfection. Quel choc ! |