Push the Panic Button
(Quixote R.P.M. / Panic Button Prod) juin 2017
Ni plus ni moins que la récolte des différents singles / EP sortis en digital depuis 2013, l'album Push The Panic Button sorti le 23 juin 2017 sur le label Quixote Music est le premier long essai de Traditional Monsters. A la tête de ce groupe parisien de "post-punk", l'américain Dick Turner, par ailleurs artiste et cinéaste, est au choix soit un doux dingue, soit un fou furieux (voir son clip "Contrôle-moi" pour se faire une idée de la dinguerie du bonhomme) mais dans tous les cas un personnage original. Le trombone, son instrument de prédilection, tient une place de choix et donne à l'ensemble un petit côté fanfare. La voix dont la tessiture est étrangement très proche de celle de Peter Gabriel est primordiale dans l'ambiance de chaque titre. Tantôt psalmodiée, tantôt chantée, tantôt quasi slamée ou rapée, elle fait qu'on ne sombre pas dans un disque monotone, mais dans quelque chose de plus varié et complexe.
Au menu on retrouve des chansons à l'esprit résolument punk-rock ("One Armed Man", "Going to Pennsylvania"), des chansons plus accessibles musicalement comme "When You're in Love" (qui n'est pas sans rappeler "People Are Strange" des Doors où le trombone tiendrait le rôle de l'orgue) ou encore "You Have The Power" plutôt pop et certains choses plus obscures comme "Living In A pumpkin" où la voix de Dick semble tout droit sortie de la bouche d'un gourou possédé.
Les textes plus ou moins sérieux parlent d'amour, d'infirmité, de chance, de citrouille et de lavomatic, et du monde pas forcément réjouissant dans lequel nous vivons, et sont toujours porté par une certaine urgence, voire de la panique (le bien nommé "Push The Panic Button"). Certains titres énervés, d'autres plus calmes quoique assez oppressants. On peut toujours essayer de les ranger dans le tiroir "post-punk" car leur état d'esprit est sans aucun doute "punk" mais on ne pourrait pas le fermer, il y aura au moins le trombone et l'organe de Dick qui dépasseront (je parle évidemment de sa voix).
Outre cette voix similaire à l'ancien chanteur de Genesis (écoutez "At the Girl's School"), je retrouve certains similitudes avec le groupe anglais dans l'incarnation de personnages que ce soit par les changements brusques de voix, ou le goût prononcé pour les déguisements. Que ce soit sur scène ou dans leurs clips, Dick se déguise souvent en une sorte de prêtre ou de pape assez douteux affublé d'une mitre miteuse, d'une aube toute noire et le visage maquillé à la truelle. Ses comparses sont un peu plus sages dans leur accoutrement, entre le touareg du désert recouvert d'un turban bleu avec lunettes de soleil à la guitare, un turc portant un tarbouche à la basse et une japonaise à la mode kawaï avec couronnes de fleurs à la batterie, bref un beau melting pot qui se ressent dans leur compositions. Le clip de "When You're In Love" se déroule dans un bar où le groupe joue et où se croisent Napoléon, un matador, Elvis et un gorille qui chacun leur tour tentent de séduire une jolie jeune fille :
Le dyptique "Sitting in the Laundromat" (Noon et Midnight) en version punk ensoleillé à midi, et en version dépressive à minuit où tout le groupe semble lessivé après une dure journée, la batteuse semblant lâcher à bout de force ses baguette sur ses fûts, tient bien sa place en toute fin de disque. Les paroles font le parallèle entre les fringues sales qui tournent dans le tambour de la machine à laver et la planète qui est un sale endroit qui ne tourne plus très rond ces derniers temps avec le mec un peu paumé qui regarde tout ça tourner devant ses yeux sans vraiment réagir.
Traditional Monsters n'hésite pas à mélanger le blanc et les couleurs, le coton et le synthétique, et on hâte qu'ils viennent laver leur linge sale en live avec nous au Supersonic le vendredi 28 juillet (concert gratuit).
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.