Discussion avec François Floret, âme du festival de La Route du Rock autour de la programmation, assez incroyable cette année, et notamment de la venue évènementielle d’Interpol…
François Floret : Interpol, c’était comme une évidence. Nous les avons faits deux fois et c’était des souvenirs impérissables. Leur première apparition à la Route du Rock était vraiment une surprise. Ils correspondaient complètement musicalement à l’esthétique du festival. Leur premier concert à la Route du Rock, qui était leur premier concert en France, où ils remplaçaient au dernier moment un groupe qui s’était désisté a été une succession de frissons pour mal de gens et au final une énorme claque. C’était vraiment une sacrée surprise avec un vrai moment d’émotion.
Comment s’est déroulée leur programmation ?
François Floret : C’est via l’agent français du groupe que cela s’est passé. Interpol avait un projet de faire une tournée autour de l’album Turn on the Bright Lights. Savoir que nous pouvions les avoir pour qu’ils rejouent en intégralité ce disque qui est un chef-d’œuvre absolu, nous n’avons pas hésité une seconde. Le groupe devait aussi avoir d’excellents souvenirs de leurs concerts à la Route du Rock, donc c’est un plaisir partagé de chaque côté. Je pense sincèrement qu’ils ne reviennent pas chez nous par hasard. C’est une date unique, vraiment unique.
The Moonlandingz ?
François Floret : C’est une émanation de The Fat White Family, qui est déjà passé deux fois ! C’est du rock punk déjanté avec une touche de glam, avec un chanteur imprévisible sur scène. Je pense que tous ceux qui ont vu la prestation du groupe doivent s’en souvenir… C’est une musique que nous aimons aussi défendre. Cette musique fait intégralement partie de l’ADN du festival. C’est le groupe idéal pour mettre le feu sur la scène, avec une attitude positive. Ils délirent mais ce n’est pas glauque.
Un autre groupe avec une musique faisant partie de l’ADN du festival, c’est Jesus And Mary Chain.
François Floret : C’est vraiment un groupe mythique. C’est du rock à guitares avec un son abrasif, comme on le dit dans le programme : "des mélodies pop passées au papier de verre". C’est un groupe de légende qui aura ouvert la porte à de nombreux autres artistes. Ce sera vraiment un grand moment. C’est un groupe assez rare. Ils se sont reformés il y a peu et leurs derniers concerts sont excellents. Ce n’est pas un groupe qui va singer ce qu’ils faisaient dans les années 90. Ils viennent de sortir un disque, d’ailleurs plutôt mal, ils ont encore des choses à raconter ! Il y aura tous les tubes et cette attitude assez sombre sur scène, les guitares en avant, ce chant si particulier.
Avec PJ Harvey, vous avez de belles têtes d’affiche !
François Floret : C’était l’idée. L’année dernière a été assez catastrophique en termes de fréquentation, et l’idée était de redorer le blason et prouver que la Route du Rock n’était pas morte, malgré la symbolique des 27 ans où de nombreux artistes ont laissé leur peau ! Nous avons décidé de déplacer la date du festival d’une semaine pour avoir la possibilité d’attraper plus d’artistes. En termes de disponibilité des artistes, je pense que nous avons eu raison. Et puis il a fallu revoir le cachet des musiciens. Nous avons clairement doublé ce budget pour pouvoir réaliser notre ambition qui était d’avoir au minimum un gros nom par soir pour avoir un festival homogène, que ce soit dans la programmation ou dans la fréquentation. Et je pense que nous avons réussi ce pari.
D’excellentes têtes d’affiches mais pas que !
François Floret : Oui !
C’est peut-être bien votre plus belle affiche, non ? Tout le monde est assez unanime là-dessus…
François Floret : Oui et cela sincèrement nous fait vraiment plaisir. Surtout qu’il y a eu un vrai boulot pour arriver à ce résultat. Ce n’est pas arrivé par hasard. Notre programmation est très réfléchie. Nous essayons de garder coûte que coûte, et je pèse mes mots, l’esthétique du festival. Et puis nous avons voulu montrer notre force. Montrer qu’avec plus de budget, cela peut donner cette programmation. Notre seule limite, c’est la limite budgétaire et malheureusement la programmation dépend de cela. Nous avons voulu mettre plus d’argent mais l’utiliser à bon escient. Et garder la cohérence artistique et esthétique du festival. Et puis avoir de gros noms mais aussi des découvertes.
C’est aussi ce qu’attend une partie du public, celui plus connaisseur et exigeant…
François Floret : Tout à fait. Avoir de gros noms ne fait pas tout. Il faut aussi parler d’Idles, de Yak, de la scène garage qui sera bien représentée aussi. Ty Segall, cela va déménager…
D’où le côté impressionnant de cette affiche qui devrait plaire à beaucoup de monde…
François Floret : Ce panachage fait aussi partie de nous. Et ce n’est pas forcément pour plaire à tout le monde mais parce que cela représente la musique indépendante. C’est l’une des nuances que l’on peut faire avec d’autres festivals qui cherchent avant tout à faire plaisir à un maximum de monde alors que nous nous voulons présenter à notre public toutes les musiques indépendantes. Avec une véritable exigence musicale. Mon seul bémol serait peut-être sur les musiques électroniques. J’ai un petit regret, je trouve que cela manque un peu d’electro.
Il y aura quand même DJ Shadow, Soulwax ou Tale Of Us…
François Floret : Un petit nom encore en plus le dimanche aurait été pas mal. Pour terminer en folie. Mais les Moonlandingz sauront mettre cette folie et Tale Of Us finira le travail.
Après oui, sur le papier nous ne sommes pas très loin en effet de la meilleure programmation de l’histoire. Avec celle de 2005, avec The Cure et Sonic Youth. C’était aussi une édition incroyable. Nous verrons sur la scène comment cela passera et si cette année sera mythique !
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