Jeudi 13 juillet
Comme chaque année, le paisible bourg finistérien se transforme en centre névralgique de la fête et de la musique pour quatre jours. En centre-ville, on retrouve les traditionnels fêtards (soiffards ?) déguisés ou pas, les bars locaux grouillant de monde et les enceintes qui crachent aussi bien du rock que de l’euro-dance, assez bonne entrée en matière pour se préparer à l’éclectique programmation de cette édition 2017.
Une fois notre sésame récupéré (le fameux bracelet qui nous permet d’avoir accès aux scènes), on découvre le nouveau site. Quelques modifications mineures ont été effectuées notamment l’accès du public au festival et l’apparition du Park du Château où l’on trouve des bars, restos, une grande roue et des animations musicales.
En route pour la grande scène Glenmor où les Aixois de Deluxe distille leur musique festive et dansante, idéal pour se désaltérer en ce début de festival. Mathieu Chedid, habitué des lieux, investit la scène Kerouac avec les musiciens qui ont participé à son projet Lamomali. Même si l’on est loin des sommets atteints par d’autres artistes fascinés par le Mali (on pourrait citer Damon Albarn), -M- proprose un spectacle de qualité qui comble le public. Il est à l’aise, affable, un peu chez lui et il se fend de quelques-uns de ses tubes incontournables. La fin de concert sera particulièrement festive avec la montée sur scène des joyeux drilles de Deluxe.
En 2001, il avait fallu lui demander d’arrêter de jouer car Manu Chao semblait ne pas vouloir quitter la scène. Ce soir, les programmateurs du festival ont vu large et ont prévu un créneau de deux heures pour le franco-espagnol. Le site des "Charrues" s’est bien rempli et nombreux sont les aficionados qui attendent la prestation de l’ancien leader de la Mano Negra. Le set sera long (un peu trop), et joué avec une impressionnante intensité. La fin du concert laissera la part belle aux plus nostalgiques avec quelques morceaux de "La Mano".
Il est presque minuit et la fatigue commence à se faire sentir. La tentation d’aller se coucher est grande, mais je m’étais promis d’assister au prochain concert. Chaudement installé près du bar 8, j’observe la rapide transhumance vers la scène Kerouac. Les premiers rangs se garnissent principalement d’ados transis qui se préparent à assister au concert de la "révélation" de l’année, l’orchestre de rap PNL… On a beau chercher, aucune trace de platines ou de DJ. A croire que les deux compères d’Evry jouent leurs "instrus" depuis leur iPhone 7… Pendant une heure, on assiste, incrédule à la "prestation" du duo qui se résume à allumer des bédos et poser un flow sur des instrus qu’ils n’ont même pas composé. Un concept qui vend.
Rideau pour ce premier jour, les plus motivés se dandineront sur les BPM de Justice.
Samedi 14 juillet
Samedi 19h 30, une salve de guitare puissante se fait entendre sur la scène Glenmor. Ouf, on retrouve le sourire et l’optimisme est de mise après le Waterloo musical infligé par PNL quelques heures auparavant. Sur scène, juste une guitare et une batterie. Une formule usée à la corde mais il faut bien avouer que les petits jeunes de Royal Blood n’ont rien à envier aux Queens Of The Stone Age et autres combos bruyants. Carrés et efficaces.
Lorsque Kery James déboulé sur scène il annonce la couleur au public breton : "Est-ce que vous êtes prêts moralement, mentalement, physiquement ?". Le vétéran du rap français a redonné ses lettres de noblesse au rap français avec une prestation musclée et quasiment rock. Peu intimidé par la foule, scandant des punch-line engagées, généreux, l’artiste de 39 ans aurait quelques leçons d’humilité et de travail à prodiguer à vous savez qui…
Les Canadiens d’Arcade Fire n’ont plus grand chose à prouver. Habitués au succès planétaire, remplissant les stades et jouant avec les plus grands, le groupe n’a de cesse d’éviter le confort. Leur album Reflektor avait divisé les fans de la première heure, mais séduit un public plus large. A quelques semaines de la sortie de leur nouvel album Everything Now, le groupe a proposé un set impeccable et calibré pour ce genre de festival : quelques classiques dont pas mal de morceaux de leurs excellents The Suburbs et Neon Bible, mais également quelques morceaux de leur album à venir.
Dimanche 15 juillet
Dimanche, dernier jour du festival. Mine fatiguée, chaleur, cette ultime journée à Carhaix s’annonce longue et rude. Une question me taraude : "Aurais-je assez de ressources pour attendre le concert de mes idoles de quatrième, Midnight Oil ?". Je l’espère, et je peste contre les aléas de la programmation qui font qu’il faudra se colleter Matmatah sur les coups de 18 heures.
Pour le moment, c’est Seasick Steve qui est tranquillement posé sur la scène Glenmor. A 75 balais, ce vieux briscard n’a plu à faire ses preuves : Kurt Cobain s’était pris d’amitié pour lui, Modest Mouse et Bikini Kill ont enregistré chez lui, le genre de type qui impose un minimum de respect. Affable, il ponctue chaque chanson (entre blues râpeux, country électrique et riffs bien gras) de petites anecdotes.
Les deux prochains concerts vont nous ramener 20 ans en arrière, pour le meilleur ou le pire. Lorsque FFF arrive sur scène, je suis partagé entre aller me dégourdir les jambes ou me prendre un bière… Je laisse tomber l’option bière afin de pouvoir ramener mon véhicule sereinement… Je reste donc par curiosité et au fil des morceaux je rentre dedans. C’est généreux et efficace et le public breton est conquis.
Radio Nostalgie, deuxième partie : les locaux de Matmatah (qui avaient fait leurs "adieux" quelques années auparavant au même endroit) sont de retour et ils ont même prévu de sortir un album très prochainement. Pour le moment, ils doivent faire face à 400.000 personnes. Autant le dire tout de suite, sorti des tubes d’il y a 20 ans, les Brestois ont eu un peu de mal à remporter les suffrages du public. D’ailleurs, le chanteur ne manquera pas d’ironiser sur l'accueil réservé aux fameux nouveaux morceaux.
A 19 heures, je constate avec effroi qu’il me reste trois heures avant le concert de Midnight Oil. Je tente d’aller voir Radio Elvis mais la foule est compacte et avancer devient compliqué… Il faut se rendre à l’évidence : C’est l’heure de rentrer !
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