Goodnight Rhonda Lee
(Single Lock Records) juillet 2017
Drôle de personnage et parcours pour le moins atypique pour cette américaine native de Neptune, petite ville du New Jersey. Si les débuts sont assez classiques (un environnement familial ouvert à la musique, ce qui a probablement façonné sa vocation), la suite a été bien plus chaotique. Se sont succédés plusieurs déménagements, des participations à divers groupes aux styles fluctuants avant de rencontrer les premières personnes qui lui feront confiance.
Embarquement pour la Suède pour y enregistrer un premier album avec Tore Johansson, producteur en vogue pour les Cardigans ou Franz Ferdinand : Neptune City en 2007 connaitra un petit succès, notamment grâce à des titres utilisés pour des publicités. Cependant, malgré ce début de reconnaissance, le soutien public d’un Bruce Springsteen, des tournées avec des artistes confirmés de la trempe de Nick Cave ou des prestations scéniques remarquées – notamment au festival South By Southwest – la suite sera de plus en plus compliquée pour Nicole Atkins qui sera contrainte de recourir au crowfunding pour sortir son troisième album, Slow Phaser en 2014.
Jusqu’ici, sa discographie ne brillait pas toujours par sa cohérence, le sentiment de "peut mieux faire" prédominait malgré la présence régulière de titres marquants et accrocheurs. Nicole Atkins semblait naviguer à vue et se laisser influencer, la seule constante étant sa magnifique voix. Il aura fallu ce quatrième album Goodnight Rhonda Lee pour qu’elle assume et laisse apparaître au grand jour dans ses compositions son amour pour la soul music, un style qui colle parfaitement à son chant ample et intense.
Nicole Atkins a imaginé ce personnage de Rhonda Lee comme son double maléfique, une incarnation de ce qu’elle cherche à éliminer en elle, ou au moins à en limiter la néfaste influence. C’est donc sur le terreau de tourments personnels ("A night of a serious drink") qu’ont pu germer et éclore des titres ambitieux et aboutis. Lâchant prise, Nicole Atkins voit ici les choses en grand, à la hauteur de sa voix, et compose des titres intemporels sous influence 60’s. Le ton est donné dès le majestueux "A Little Crazy" accompagnée par le toujours classe Chris Isaak. Mettant de côté tout minimalisme, des titres comme "Brokedown luck" ou "Sleepwalking" donnent un relief remarquable à l’album. D’autres morceaux à l’éclairage plus tamisé tel "I love living here (even when I’m not)" apportent une respiration bienvenue dans l’écoute de ce disque plein de panache, où tout semble couler de source, avec un naturel déconcertant.
En s’éloignant de l’actualité et des effets de mode, Nicole Atkins a incontestablement trouvé sa place dans ce registre soul où elle accueille l’auditeur en mettant les petits plats dans les grands grâce à de superbes orchestrations et des arrangements soyeux. Goodnight Rhonda Lee est une réussite.
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