Après son superbe précédent album, Arches, An Pierlé écrit la suite de son diptyque, avec Cluster, explorant de nouveaux horizons à l’aide de son orgue, instrument atypique au travers duquel elle trouve une inspiration inépuisable. Entre les deux albums, la flamande a fait de nombreux concerts, notamment dans des églises et des temples, lieux donnant de l’ampleur à son instrument fétiche.
L’album se fonde donc essentiellement autour de l’orgue et de boites à rythmes, accompagnés de cuivres et de bois. La réussite de cet album, pour moi, tient dans la manière dont l’artiste place son orgue sur les différents titres. Sur certaines chansons, l’emprise de l’orgue est manifeste quand il ne devient que soutien harmonique subtil et sobre sur d’autres, installant une atmosphère aérienne. Il est donc toujours bien placé, illuminant tous les titres de l’album.
Ann Pierlé a fait le choix de diversifier ses accompagnements en choisissant méticuleusement ses collaborateurs pour explorer des territoires ignorés dans le précédent album. Son orgue se retrouve alors accompagné de solos de saxophone lascifs et accrocheurs de Koen Gisen et des trompettes mystérieuses de Niels Van Heetum. Sa voix, elle, est accompagnée sur certains titres des voix de Loesje Maieu et Kaat Hellings. Autour de ces instruments et voix, l’orgue d’Ann Pierlé se retrouve ainsi mis en valeur. Il prend alors une dimension moderne quand il est habituellement considéré comme classique et solennel.
La voix d’An Pierlé est superbe, frêle, sensuelle et puissante selon les titres, se faufilant tous le long de l’album. L’orgue devient son plus fidèle accompagnateur et l’ensemble nous envoûte des les premières notes de "The Golden Dawn", propulsant immédiatement le disque dans une ambiance intense. L’émotion se prolonge avec "Huntifix" où l’orgue est accompagné d’un piano et d’un saxophone pour un titre empreint de douceur et de sensualité. L’atmosphère devient plus solennelle sur "Bedroom dust" quand l’orgue devient plus présent malgré les cloches qui l’accompagnent.
"It’s like" est une chanson délicate qui me fait penser à Emilie Simon, sur laquelle l’artiste claque des doigts en nous emportant vers la légèreté. "We gravitate", comme son nom l’indique, nous fait monter bien haut au travers de sonorités psychédéliques, toujours portées par la voix cristalline d’An Pierlé. "Road to nowhere" s’ouvre sur l’orgue et la voix d’An Pierlé, un des plus beaux titres de l’album pour moi, avec un superbe final. "Sovereign" est la chanson la plus exigeante de l’album, très expérimentale quand "Monkey", l’ultime titre, repose essentiellement sur la voix de l’artiste, lui permettant de montrer sa parfaite maîtrise.
Ane Pierlé nous livre donc un magnifique album, cosmique et divin, dans la continuité du précédent. Elle tutoie les sommets en dépoussiérant un orgue pour le rendre hypnotique, ensorcelant et intriguant. Son disque est tout simplement magnifique.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.