Difficile de trouver des disques qui sortent de l’ordinaire, même en ces temps de production pléthorique. Difficile de trouver des disques qui interpellent et qui surprennent.
Et pourtant, parfois, cela arrive. Fruit du hasard ou simplement de la recommandation d’une personne particulièrement inspirée. Dans ces cas où la magie opère, à la seconde même où l’on pose l’album sur la platine, que l’on actionne la fonction lecture, sans rien attendre a priori de cette écoute, on peut sans conteste qualifier ce moment de miraculeux. Et là on se sent tout bête, parce qu’il est extrêmement compliqué de parler d’une musique qui provoque autant de chamboulements intérieurs… et pourtant il le faut bien, car cette musique elle frappe en plein cœur, sans crier gare, elle démonte la tête avec une terrible douceur, une violence exquise que l'on aurait jamais envisagée.
Et pourtant c’est lent. Très lent. Et sombre, mais de cette noirceur teintée de nostalgie que l’on aime parce qu’elle n’est pas assommante. Elle enveloppe l’auditeur, comme pris au piège, par une guitare, qui prend toute la place. Puis une voix, en murmure, qui raconte neuf histoires. Des morceaux de vie, remarquables par la poésie qui s’en dégagent. Des mots ravageurs qui ne sont pas vains, et sur lesquels il est indispensable et nécessaire de s'attarder. Obsédant, littéralement, rarement un disque en français ne m’aura procuré un tel sentiment, entre la fascination et la sensation d’être happée par quelque chose qui me dépasse.
Splendeur touchante, Soleil de Tokyo est un disque d’une rare sobriété et sincérité. Imagho sous l’égide de Jean-Louis Prades nous offre là ce qui est tout simplement une œuvre magnifique.
Passer à côté serait un crime. Vous voilà prévenus.
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