Qui ne connait pas Janine Boissard ? Je crois qu’ils sont peu, elle est au paysage du roman de plage ce que Stephen King est au roman de cave. Suite à ses presque quarante romans, c’est avec sa plume légère et prolifique qu’elle nous propose cette histoire de famille au cœur du Périgord Noir : La lanterne des morts.
Une fois de plus, il s’agit d’une histoire de famille, empreinte de secrets et de retournements de situation. Lila et Adèle se ressemblent autant que le jour et la nuit, deux sœurs aux différences marquées. Lila est la reine des abeilles solaire alors qu’Adèle est une intello plus banale, dans l’ombre de sa sœur.
Quand leur maman disparaît tragiquement d’une intoxication alimentaire (certes, l’intoxication est banale, mais la disparition d’une maman est toujours tragique) le jour des 7 ans d’Adèle, Lila va vivre chez leur tante près de Bordeaux.
Adèle idolâtre la liberté de parole et la folie rebelle de sa sœur. Progressivement, elle comprend les mots couverts et les qualificatifs employés pour décrire Lila, dont les humeurs et réactions aléatoires sont les symptômes de sa bipolarité. L’amour et les liens du sang qui lient indéniablement Lila et Adèle font de cette dernière le meilleur avocat des débordements de Lila.
D’abord soupçonnée de vol dans la maison d’amis proche de la famille, Lila s’embourbe dans des situations de plus en plus délicates. Amoureuse de Vivien depuis son plus jeune âge, Adèle défend et pardonne à sa sœur ses coups bas et ses dérapages. Mais la situation se complique, et quand Lila revient au bercail après le décès de son riche époux espagnol, Adèle ne peut plus fermer les yeux sur les agissements de sa sœur ainée.
La lanterne des morts se lit d’une traite, à l’ombre d’un pin parasol, une bouteille d’eau qui pique glacée à portée de main. D’une histoire au début quasi banal, Janine Boissard cultive le suspense et nous emmène sur les chemins de la culture de la truffe et des vignes du Périgord. Le roman balaye près de dix ans de la vie de ses héros, pendant lesquels l’auteure sait les faire murir.
Ce que Janine Boissard a de plus, c’est de savoir diriger les questionnements de ses personnages vers notre propre existence. L’indulgence d’Adèle est celle que nous éprouvons pour ceux qui partagent notre vie, les sentiments de trahison ont la même amertume, la jalousie pique au même endroit de l’estomac, l’amour fait frissonner les mêmes papillons.
Les ingrédients d’un roman.
A en oublier de renouveler la barrière à UV. |