Monologue dramatique écrit et mis en scène par Gilbert Ponte et interprété par Malyka R. Johany.
"De Pékin à Lampedusa" retrace l'itinéraire atypique et tragique d'une jeune fille qui s'est investie, de manière aussi résistante que rebelle, dans l'athlétisme dans un pays plongé dans le chaos par la misère endémique, le fondamentalisme religieux et la guerre civile.
Pour échapper tant à sa condition qu'à la réalité, Samia Yusuf Omar s'est découvert une passion, celle du sport, et construit une rêve, celui de participer aux Jeux Olympiques de Pekin. Elle a 17 ans en 2008 et son rêve se réalise.
Alors un deuxième rêve se profile, celui des Jeux Olympiques de Londres, mais elle est rattrapée par un virus pandémique, celui du mythe de l'Eldorado, promesse d'un avenir meilleur qui conduit à la migration clandestine à destination de l’Europe qui s'achèvera par la mort à 21 ans sur une plage de l'île de Lampedusa.
Gilbert Ponté a conçu une partition radicalement cadrée et politiquement ciblée sur plusieurs thématiques et sujets d'actualité contemporaine placés sous l'éclairage d'un destin individuel relaté avec sobriété, de façon parfois presque factuelle, et néanmoins extrêmement vivant.
Certes elle aborde la situation de la population civile somalienne prise en étau entre les milices pro-gouvernementales, les seigneurs de guerre que sont les chefs de clans opposés à toute intégration nationale et les "shebabs", les insurgés islamistes qui militent pour l'instauration d'une république islamique, mais également dénonce l'ampleur du désastre humanitaire et du phénomène migratoire, le sort des femmes musulmanes, la responsabilité de la communauté internationale, le scandale des passeurs et le cynisme de la presse à sensation quand elle s'immisce dans le reportage philanthropique.
Sur scène, sous la direction à la justesse maîtrisée et efficace de Gilbert Ponté, l'énergie vitale, le jeu impliqué et l'incarnation investie - sous-tendus d'une émotion à fleur de mots et de peau - de la jeune comédienne Malyka R. Johany, véritable révélation, porte magnifiquement cet opus réflexif hybride du documentaire et de l'intime. |