Samedi 26 août
Comme un jour de festival commence toujours par une observation scrupuleuse du climat, on se dit qu'encore aujourd'hui, "ça va passer". De toute façon, les rétro-midinettes de Yassassin sont là pour égayer le festivalier pas réveillé. Tout droit sorti d'une boutique de fringues vintage, les filles de Yassassin – en hommage à Bowie – peine clairement à entrer dans leur set... Mais réajustent le tir en milieu de concert, pour devenir bien plus ardentes et convaincantes. A confirmer, pour ma part.
Vient le tour du "groupe local" – formulation gênante tant elle estampille, étiquette et oriente l'avis de l'auditeur en herbe. Bien sûr, ils sont venus avec leurs fans, bien sûr on a deux fois leur âge, mais heureusement, Underdog Effect sait faire oublier rapidement le "local qui émerge" pour ne parler que "le musical". Un bon moment rock pour eux et pour nous, n'est-ce pas là l'essentiel ?
C'est sans objectivité aucune que je peux dire que le live d'Allah-Las était exceptionnel. Vus l'an dernier aux Eurockéennes, écoutés en boucle depuis, les Allah-Las me fascine par la force tranquille de leur rock psyché qui transporte loin, bien loin, dans les âges et l'esprit, avec une simplicité totale. Moi qui suis sensible au scénique et à l'énergie dépensée – photo oblige –, je me surprends complètement à ne pas leur en vouloir de leur statisme relatif tant les titres de Worship The Sun, notamment, éblouissent. C'était le dernier concert de leur tournée, et on est joie et bonheur d'y avoir assisté.
Puisqu'un bonheur en cache un autre, le groupe suivant, Last Train, est également de mes favoris – mais dans un registre radicalement différent. En toute honnêteté, ils me semble qu'ils auraient tenu la grande scène du Cabaret Vert sans démériter étant donné la folie qui meut le public dès la fin du premier morceau. Toujours aussi brut et généreux sur scène, les Last train ne font pas qu'appliquer à la lettre les excellentes recettes scéniques de leurs nobles modèles : en effet, leur dernier album tient assez la route pour faire taire les jaloux de tous bords et les bouches pincées du "rock indé". Un très bon live, oserai-je dire encore une fois car un grand groupe se reconnaît aussi à cela : puissance et constance.
On sèche The Lemon Twigs pour les avoir peu apprécié aux Eurockéennes cette année – et on regrette un peu si l'on suit les bruits de couloirs –, et on attend sagement Fishbach. Problème : la ténébreuse ne veut pas de photos, hormis pour les quatre derniers morceaux de son set – soit quand commencera l'inratable Franz Ferdinand. On attend, on soupire, on s'ennuie, on regarde autour de soi pour constater que c'est un peu pareil chez les autres, on vole une photo et on s'en va. Pas convaincue.
Franz Ferdinand a bien changé, à en croire sa blondeur peroxydée : ce sera tout pour les remarques sur le physique et la lumière (qui a mis à l'épreuve plus d'un photographe du pit) ! La setlist est bien équilibrée, et satisfait le curieux novice (avec quatre titres du premier album, dont "Take me out", of course) comme l'amateur éclairé (avec notamment le titre créé pour le film 9 Songs sorti en 2005). Bref, beaucoup de professionnalisme et toujours autant de sauts de joie chez ces increvables Ecossais.
On terminera notre journée, notre Cabaret Vert et notre été par le groupe Alb qui dépucelait ce jour-là son nouveau concept-live, fondé sur l'interaction du public avec le set, les musiciens, la scène, la musique. Bref, une expérience hors du commun à ne pas louper. Vu et aimé en 2015 lors du (feu) Œno Music Festival, Alb a clairement évolué du côté de l'expérimental (niveau dispositif sur scène) et de la pop (niveau musical). C'est assez épatant à voir et à entendre, et Clément Daquin reste toujours aussi sympathiquement maladroit quand il prend la parole. On souhaite un beau succès à cette nouvelle idée et à cette nouvelle tournée.
En bref, et même si je rate le dimanche et quelques groupes-clés (j'enrage) pour cause d'entorse, non au règlement mais bien à la cheville, je suis contente d'avoir renoué avec le Cabaret Vert qui a proposé cette année une très belle programmation et quelques sets inoubliables. On attend donc de voir si les Ardennes sidérales du Festival surferont sur la même vague plutôt heureusement rock l'an prochain. Wait and see ! |