"En amour, le mot "danger" perd son sens : il ne fait que pimenter le degré de passion qui anime le cœur."
Il y a tout juste un an, en quelques semaines, Ali Zamir passait du rang de parfait inconnu à celui de phénomène littéraire. Son premier roman, Anguille sous roche, suscitait l’étonnement de la critique (roman écrit en une seule phrase) et l’enthousiasme des lecteurs pour obtenir plusieurs prix littéraires.
Nouvelle rentrée littéraire, nouveau roman d’Ali Zamir, espérons que cela devienne une habitude tant ses livres soufflent un vent de fraîcheur avant la fin de l’été. C’est à travers une résidence d’écrivain organisée par Montpellier Méditerranée Métropole entre janvier et avril qu’Ali Zamir a pu écrire son second roman, Mon étincelle, qui paraît en ce début septembre, toujours aux Editions Le Tripode. Ali Zamir avait besoin de tranquillité pour écrire. La tête bourrée d’idées artistiques et romanesques, sa plume s’est mise à vomir des mots comme un robinet dit-il. Il n’y a pas eu vraiment d’efforts pour écrire ce second roman. Mon etincelle est un écrin, un petit bijou qu’il faut absolument lire.
Etincelle est une jeune fille qui se retrouve à bord d’un avion qui relie deux îles de son pays, les Comores. Prise dans les turbulences du vol, et tenaillée entre deux liaisons amoureuses, elle va se remémorer certaines des histoires que lui contait sa mère, à commencer par celle, somptueuse et tragique, qui devait un jour lui donner naissance. Etincelle se retrouve alors au centre de plusieurs récits racontés par sa mère.
Ali Zamir nous conte une histoire d’amour poétique, celle de Douleur et de Douceur, entre tourments, mensonge et passion. D’autres histoires s’emboitent habilement dans un marivaudage comorien où les femmes tiennent une place prépondérante. Ali Zamir rentre dans l’intimité de toutes ces femmes avec une grande délicatesse, parfois même de façon aphrodisiaque. Il rend aussi de nouveau hommage à son pays et ses populations pauvres, de nouveau aussi au centre de ses histoires.
On retrouve évidemment dans ce nouveau roman ce qui nous avait déjà ravis dans son précédent, la présence de personnages étonnants, le mélange d’expressions populaires et de vocabulaire rare et la puissance singulière du texte. L’écriture lumineuse et poétique de l’auteur est intacte, son inventivité aussi, le tout baignant entre émotion et humour. Au gré des histoires que vivent des personnages au nom les plus improbables (Etincelle, Douceur, Douleur, Efferalgan, Dafalgan, Vitamine, Calcium), on découvre le monde insulaire, truculent et contrasté d’un écrivain décidément atypique. Sa littérature ne se limite pas aux mots, elle est aussi extrêmement imagée. Ces images défilent dans nos têtes tout le long du livre. On tourne les pages avec jubilation, se délectant de ces multiples histoires pleines de rebondissements.
Ali Zamir est un formidable conteur d’histoires, un très grand écrivain qui redonne ses lettres de noblesse à la langue française. Il confirme donc ses grandes qualités d’écrivains découvertes avec son premier roman, devenant un fidèle ambassadeur de la langue française pour l’océan indien. |