Comédie satirique d'après l'oeuvre éônyme de Gustave Flaubert, adaptation et mise en scène de Jérôme Deschamps, avec Jérôme Deschamps, Lucas Hérault, Micha Lescot et Pauline Tricot.
Après l'expiration de son mandat de directeur de l'Opéra comique, Jérôme Deschamps a fondé sa compagnie éponyme et en présente la première production, dont il signe la partition et la mise en scène tout en étant également sur scène, pour laquelle il a jeté son dévolu sur le roman "Bouvard et Pécuchet" de Gustave Flaubert.
Il s'empare de son substrat pour y greffer, comme il l'indique dans sa note d'intention, son "vocabulaire théâtral personnel", et de ses deux protagonistes, de parfaits imbéciles, même pas heureux, qui se piquent de savoir universel, d'esprit critique et de découvertes révolutionnaires, pour les insérer dans l'arbre généalogique des Deschiens, cette déclinaison de la beaufitude concoctée avec Macha Makeïeff qui fit les beaux jours des années 1990.
Qui se ressemble s'assemble, et ces deux modestes employés creux comme des navets se sont bien trouvés - et reconnus - comme des tourtereaux sur un banc public avant de convoler en juste retraite campagnarde. Les petits rats citadins deviennent rats des champs où s'épanouit leur incommensurable bêtise.
Jérôme Deschamps décline leurs grotesques tribulations sur le mode du clown, non du clown métaphysique beckettien ni le clown double dramatique du nouveau cirque mais du traditionnel clown circassien basé sur le comique de répétition et les gags éculés et, en l'occurrence, un duo de clowns sans toutefois se conformer au schéma classique du clown blanc et de l'Auguste.
En effet, si Jérôme Deschamps, en Pécuchet replet, s'agite comme un culbuto et si l'immense et filiforme Micha Lescot, aux allures de grand échassier qui use de sa silhouette comme Valentin le désossé, forment physiquement un duo comique à la Laurel et Hardy, leur jeu ne s'inscrit pas dans ce registre burlesque.
Une "madeleine" pour les spectateurs de la génération Deschiens qui retrouveront aisément leurs marques d'autant que le décor de Félix Deschamps est calqué sur celui des spectacles des Deschiens tout comme les costumes dont Macha Makeïeff affuble Pauline Tricot et Lucas Hérault qui incarnent la bêtise des ruraux analphabètes. |