Le Festival Fnac Indétendances poursuit son petit bonhomme de chemin à Paris Plage.
En ce vendredi 29 juillet, il entame sa seconde semaine et sa 4 ème journée.
Au programme du jour et pour débuter le bal : Spleen.
Sous ce nom de scène se cache Pascal Oyong-Oly, qui après avoir été lauréat de l'opération CQFG à l'initiative des Inrockuptibles, se retrouve ce soir sur la scène d'un festival qui, pour reprendre les mots des organisateurs, "vise à faire découvrir à un public parisien, de jeunes artistes qui seront encore là dans dix ans ! "
Je ne m'engagerai pas sur des prédictions à aussi long terme, mais quand Spleen débute sa prestation à 19h30, il ne faut pas 5 minutes pour comprendre que le garçon a vraiment du talent !
Sur scène, Pascal Oyong-Oly au chant et à la quitare, est accompagné par une formation composée d'un clavier, d'un batteur, d'un bassiste, et d'un chanteur assurant les chœurs ainsi que des rythmiques vocales. Curieux mélange que la musique de Spleen, des rythmiques assez légères dans un style plutôt folk, un héritage hip-hop qui transparaît par instant, et une voix vraiment superbe capable de jouer tous les registres.
Spleen fonctionne visiblement à l'énergie du public, car en début de concert quand la synergie n'a pas encore opéré, on sent Pascal Oyong-Oly un peu frustré par des réactions pas à la hauteur de ses attentes. Mais Spleen ne s'en laisse pas conter et il redouble d'énergie pour emporter le suffrage populaire.
Sa voix prend du volume, il monte et descend les gammes avec virtuosité, ses déplacements sur scène sont plus nerveux, et la réaction ne se fait pas attendre, la foule se met à danser et à bouger au rythme de la musique.
Nous assistons alors à un concert qui va crescendo, et quand l'essoufflement menace, un invité entre sur scène pour relancer la machine.
Après une heure de concert endiablé, le but est atteint : Spleen termine en apothéose, il aura laissé sa marque sur ce festival !
20h30 : Intermède afin de changer les instruments, il n'y a plus un espace de libre devant la scène. La foule forme un mélange composite de badauds attirés par les décibels, de promeneurs qui s'arrêtent un instant et repartent vers d'autres animations et d'aficionados convaincus.
Quand à 21h Nosfell s'avance sur la scène, il est accueilli par un tonnerre d'applaudissements et de cris. Labyala n'est pas ici en terre inconnue.
Je ressens moi-même un pincement d'impatience à l'égard de ce chanteur charismatique que j'ai vu pour la première fois sur la scène de l'Européen en mars dernier, et qui m'avait véritablement enthousiasmé.
Accompagné comme à l'accoutumé par Pierre Lebourgeois au violoncelle, Nosfell ne semble pas fatigué par le nombre impressionnant de concerts qu'il a donné récemment, dont celui au festival des Vieilles Charrues le 24 juillet dernier.
Et le rendez-vous est à la hauteur de mon attente, dès les premiers accords de guitare, un vent de silence s'abat sur le public qui est comme hypnotisé par le personnage, j'ai alors l'impression d'une foule d'enfants venus écouter les contes et légendes de la lointaine Klokochazia , par la seule personne vraiment habilité à le faire : Labyala Fela da Jawid Fel, dit Nosfell.
Je retrouve ce soir ce qui m'avait tant plu et captivé, une voix vraiment extraordinaire, une démarche artistique originale, mature et abouti et un univers fascinant. Nosfell est un courant musical à lui tout seul !
Sa façon de jouer sur des boucles sonores et vocales, enregistrées en live durant la prestation, n'est pas un artifice, mais s'inscrit totalement dans l'histoire qu'il écrit.
Ajoutez à cela, une sensibilité à fleur de peau, une maîtrise totale de l'espace scénique et une expression corporelle qui rendrait jaloux un danseur classique, et vous obtenez un cocktail réellement détonnant. Nosfell devrait servir d'illustration au précepte très connu de la mécanique classique : "Les mêmes actions entraînent les mêmes effets." Et l'effet principal, quand on l'écoute, c'est la dépendance immédiate.
Et il suffit de peu de temps pour que la magie opère. Pour preuve, je surprends mon voisin de concert pianotant nerveusement sur son portable pour appeler un de ses amis et lui dire sans autre préambule : "Je suis à Paris Plage et je suis tombé par hasard sur un concert, ça s'appelle Nosfell, et ça déchire ! Écoute…" Il gardera son portable au bout de sa main tendue vers la scène pendant au moins dix minutes !
Je serais peut-être plus prosaïque, mais j'aurai du mal à être plus clair, un concert de Nosfell est un instant à ne rater sous aucun prétexte !
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