Comédie dramatique de Nicholas Wright, mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman, avec Marie-Armelle Deguy, Sarah Le Picard et Clémentine Verdier.
Avec "Mme Klein", le dramaturge britannique Nicholas Wright signe une partition ordonnée sur le mode du huis-clos, le registre du drame familial et le thème des relations mère-fille conflictuelles.
Et ce autour de la personnalité de Mélanie Klein, pionnière de la psychanalyse de l'enfance, et d'un fait réel, celui de la mort de son fils intervenue dans des circonstances incertaines, une mort que va lui reprocher sa fille en l'interprétant comme un suicide.
Sur toile de fond toile de fond des controverses et les querelles de chapelle qui agitèrent le petit monde sectaire de la psychanalyse naissante, Nicholas Wright retrace des échanges violents, qui toutefois, en raison de l'insertion de traits d'humour à l'anglaise, désamorcent la potentielle configuration tragique.
Avec une belle constance, Brigitte Jaques-Wajeman assure toujours une direction d'acteur émérite et a réuni une distribution de qualité pour incarner un trio atypique de femmes qui s'affrontent et se déchirent avec les mêmes armes derrière les lourds rideaux de velours couleur de nuit d'un salon cossu élaboré par Emmanuel Peduzzi.
Marie-Armelle Deguy s'empare magistralement de la posture de la figure-mère égotiste et narcissique tournée essentiellement dans la réalisation de soi, tant à titre intime, pour surmonter son background dépressif, que professionnel passant par la reconnaissance hégémonique de ses théories psychanalytiques, de surcroît psychorigide, mégalomaniaque et paranoïaque allant jusqu'à la fermeture à clé du bar à liqueurs.
Et elle négocie parfaitement les failles et les faiblesses de cette mère-monstre qui a expérimenté sur ses propres enfants-cobayes entraînant une confusion des rôles qui n'a vraisemblablement pas contribué à leur équilibre mental.
Du moins pour la fille, interprétée tout en fébrilité exacerbée par Clémentine Verdier, face à l'exhortation de l'analyste maternelle, en contrepied freudien, celle de "tuer la mère" et non le père, toujours en quête de l'amour de sa mère, au demeurant que celle-ci ne peut pas lui donner, et qui se matérialise de manière paradoxale tant par le mimétisme, avec le choix d'un cursus identique, elle est également psychanalyste clinicienne, que par l'opposition professionnelle en s'érigeant en rivale critique.
Leur confrontation prend souvent une tournure hystérique qui ne contribue pas à donner une image sereine de la psychanalyse, qualifiée par ses détracteurs comme "une mythologie crée par des psychopathes", du moins de ses officiants qui seraient, à l'instar de certains qui nous gouvernent, des malades et/ou des fous qui prétendent soigner et soulager les misères psychiques.
Dans cette faille va s'immiscer, et s'engouffrer, une jeune femme, également psychanalyste, Sarah Le Picard remarquable de placidité stratégique, qui récemment émigrée sans argent ni appui, saisit l'opportunité de se placer sous une protection tutélaire en se positionnant non seulement comme secrétaire de la mère mais fille de susbtitution, une fille idéale puisque fille d'élection sans la demande/obligation affective filiale naturellement inhérente aux liens du sang, et dévouée disciple. |