Ne pas se fier à la pochette de l’artiste Lillois Grégoire Dalle. King Child ne fait pas dans le psychédélisme indouiste new age. King Child a plutôt le regard tourné vers la musique pop de la fin des années 90 et un peu plus loin aussi. La musique du duo franco-belge (Jean Prat, compositeur et multi-instrumentiste, et Quentin Hoogaert au chant) doit en effet beaucoup à Jeff Buckley, Unbelievable Truth, Björk, Radiohead dans sa première période (Pablo Honey, The Bends et OK Computer) et à Muse (Muscle Museum, Showbiz).
Typiquement, le genre de musique casse-gueule. Pourtant, King Child s’en sort plutôt avec les honneurs. Déjà grâce, et surtout, à de belles mélodies. Mais de belles mélodies mises au service d’une musique bas de gamme ou outrancièrement calibrée et commerciale, c’est comme donner de la confiture aux cochons. Tout cela est évité grâce à un savoir-faire indéniable dans l’écriture, de l’émotion à fleur de peau (le groupe revendique totalement la place importante de l’émotion dans leur musique, ce qu’ils auraient de toute façon beaucoup de mal à cacher), une production et des arrangements soignés et à un lyrisme flamboyant et aérien plus écorché que pompier (qui se ressent également dans les paroles sur les violences faites aux femmes, l’avenir de notre société, l’amour…).
Les Français soignent l’atmosphère générale ("23 février", "Meredith", "Desert"), quitte parfois à en rajouter un peu ("Ghost Dance", "Opal", "Butcher", la première arabesque de Debussy pas forcément nécessaire, l’arrangement n’est pas terrible, même si l’on comprend le concept de la respiration au milieu du disque, une voix parfois aux intonations rappelant un peu trop Matthew Bellamy) et laissent à leurs chansons le temps d’évoluer, souvent dans une sorte de crescendo, tout en les baignant de touches électroniques et acoustiques. Si vous n’êtes pas réfractaire à ce genre de musique, vous ne pourrez qu’être emporté par ce disque.
Décidémment ce mois de janvier est bien triste pour la culture. Marianne Faithfull a tiré sa révérence et c'est encore un peu de tristesse qui s'ajoute à celle plus globale d'un monde tordu. Il reste la culture pour se changer les lidées. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !