Pour commencer un pitch classico-classique pour situer le groupe. The Organ, composé de Katie Sketch (voix), Jenny Smyth (orgue), les fondatrices du groupe en 2001, Debora Cohen (guitare), Ashley Webber (basse) et Shelby Stocks (batterie), est un quintet de filles issu de la scène de Vancouver qui a assuré de manière remarquée les premières parties d'Interpol, Hot Hot Heat, Walkmen et de Wedding Present.
Leur premier album Grab that gun, qui sort en France grâce au très inspiré label Talitres, décline en moins de 30 minutes un cocktail particulièrement réussi de new wave et de post-punk.
En moins de 30 minutes et 10 brûlots, les morceaux concis, efficaces, sans un poil de graisse, le plus souvent introduits par une batterie métronomique et martelante, qui débarque subitement dont on ne sait où, aux phrases enchaînées sans souci de la ponctuation et s'achevant presque brutalement comme si les dernières notes étaient coupées, scotchent l'auditeur même après plusieurs écoutes.
The Organ, groupe de post riot grrl dont le disque tournerait au ralenti, a choisi le son des 80's pour se pencher sur des préoccupations plus intimistes et intériorisées dans des fulgurances sans appel comme "There is nothing I can do" ("And there is nothing I can do/But cut and think about you"), ou "No one has ever looked so dead" ("Well it's over and I can't go there anymore").
Sur des rythmes faussement allègres, "Brother" ("Enjoy it while you can before things change"), "Memorize The City" ("Sometimes I close my eyes and hope that I can keep away all the darkened skies"), "Love love love" ("I can' believe the word love/I'mlooking for love"), "A Sudden Death" ("Oh, but now that you are gone/I just know that everything is wrong/Don't leave me alone now"), The Organ nous décoche quelques traits nostalgiques et désenchantés qui raisonneront longtemps encore à votre oreille.
Côté influences, au demeurant patentes, assumées et plutôt excellentes, The Cure, The Smiths et Joy Division se sont penchées sur leur berceau et là où The Organ réussit son coup, si l'on peut dire, c'est que ces influences sont fort symbiotiquement mêlées et déclinées évitant les écueils du "à la manière de" et de l'album catalogue.
Sur le trio guitare-basse-batterie qui dispense une rythmique entêtante et entêtée, s'est greffé un orgue, l'ensemble, à chacun de retrouver le son des Cure et des Smiths, faisant de chaque morceau un tube en puissance.
Quant à la voix de Katie Sketch elle est d'autant plus singulière qu'elle résulte d'un curieux mélange entre Morrissey (The Smiths), Robert Smith (Cure), Claudia Brücken (Propaganda), Patti Smith, Alison Moyet, Kristin Hersh, Blondie et…Sheila. Sa scansion l'est tout autant. Sorte de mélopée à la fois sensuelle et désincarnée, impérative et martelante tendue et fragile comme au bord de la rupture, elle est tout simplement chavirante.
Un album que vous userez jusqu'à la corde… "Come on now/Grab that gun and we'll go drive/Around until there's no sound" en songeant à "Steven Smith".
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