Comédie burleque écrite et mise en scène par Jean-Michel Ribes et interprétée par Romain Cottard et Damien Zanoly.
Apparus dans son emblématique opus satirique sur l'art, les "cultureux" et la culture de masse "Musée haut, Musée bas", les personnages de Sulki et Sulki créés par Jean-Michel Ribes s'inspirent de réelles figures de l'art contemporain.
Plus particulièrement de la performance considérée depuis les années 1970 comme une catégorie artistique dans laquelle, selon l'adage "l'art est la vie et la vie est art" de son pionnier Timm Ulrichs, et, plus précisément encore, du célèbre duo mimétique Gilbert et George aux gestes d'automate qui se considèrent comme des sculptures vivantes.
Installés dans le lieu muséal qui servait de toile de fond de l'opus, ils épiçaient les déambulations des visiteurs de leurs impertinentes considérations. Avec "Sulki et Sulku ont des conversations intelligentes" les voici érigés en protagonistes exclusifs dans le fief de leur salle dédiée. Alors, entre deux poses sculpturales, quand Sulki et Sulku sont seuls, que se racontent-ils ?
Toujours en ébullition cérébrale et perpétuel échange de haute volée sur le rien, à cet égard l'illustrateur Stéphane Trapier, signataire de l'affiche, leur a judicieusement attribué un cerveau hypertrophié à l'image d'une baudruche, et naviguant entre lieux communs et divagations pseudo-intellectuelles, ils s'évadent du domaine de l'art pour aborder des sujets plus prosaïques qui traduisent leur effarante présence au monde.
Sous forme de "bilogues", qui ressortent au diablogue dubillardien, et de séquences thématiques affectionnées par Jean- Michel Ribes qui aiguise sa plume et son esprit affûté aux postures du monde contemporain, la partition se compose d'une successions de scènes cocasses et burlesques qui illustrent ce que ce dernier a déjà illustré dans une piécette intitulée "Le remugle", à savoir la tête vide et "les vaines gesticulations langagières".
Dans leur univers glacé de musée moderne, un "grey cube" conçu par Patrick Dutertre évoquant un cercueil de première classe avec lumières intégrées, et vêtus de costumes psychédéliques imaginés par Juliette Chanaud, sous la direction de l'auteur, les deux acolytes rivalisent de vacuité.
Au jeu, au côté de Romain Cottard, en gandin étriqué et effaré, Damien Zanoly, s'avère un Zébulon inspiré qui, "Tournicoti tournicoton", mène l'enchanté manège de la fantaisie ribienne. |