Comédie de Eugène Ionesco, mise en scène de Pierre Pradinas, avec Romane Bohringer, Thierry Gimenez, Julie Lerat-Gersant, Aliénor Marcadé-Séchan, Matthieu Rozé et Stéphan Wojtowicz.
Opus emblématique d'un des pionniers du théâtre de l'absurde qui émerge dans les années 1950, "La Cantatrice chauve" de Eugène Ionesco, constitue, dixit son auteur, une "anti-comédie" écrite pour montrer "le fonctionnement à vide du mécanisme du théâtre".
Et cela en procédant au dynamitage des codes du théâtre occidental relatifs à la partition dialogique vecteur de communication, à l'impératif d'une intrigue, au psychologisme des caractères et, même, à la mimésis dramatique.
Les personnages réduits à de simples pantins supports d'une fonction langagière disloquée se trouvent implantés dans une situation classique, celle de la soirée entre amis, qui révèle, par une suite de conversations incohérentes, l'incommunicabilité moderne résultant du dialogue de sourds autocentrés.
Pour la mise en scène de cet opus marqué par des mises en scène-culte, dont celle initiale de Nicolas Bataille toujours à l'affiche du Théâtre de la Huchette depuis 1950 et celle de Jean-Luc Lagarce en 1991 reprise en 2007 au Théâtre de l'Athénée 3634, Pierre Pradinas n'innove pas pour donner "sa" vision de la partition et livre un divertissant spectacle tout public.
Le petit monde ionescien s'agite dans un décor pseudo-pop de Simon Pradinas et d’Orazio Trotta, papier peint et salon tapissé du même motif en monochrome vert canard évoquant le revival art nouveau dans les années 1970.
Sous le regard d'une bonne lymphatique - Julie Lerat-Gersant en tenue post-punk à la Madonna - et d'une désormais septuagénaire cantatrice chauve, "qui se coiffe toujours de la même façon"et joue toujours l'arlésienne, l'assommant tête-à-tête des Smith - Stéphan Wojtowicz en "papy mougeot" bougonnant et Romane Bohringer en conjointe sexy en déshabillé ouvert sur une affriolante nuisette rouge et véritable "moulin à paroles" - est interrompu par des arrivées inopinées.
Celle des Martin - Matthieu Rozé en zébulon épileptique et Aliénor Marcadé-Séchan en épouse modèle - puis celle d'un pompier ahuri en quête d'incendie campé par Thierry Gimenez.
Et tout ce petit monde va être contaminée par la folie de la fameuse pendule aux sonneries erratiques. |