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Interview  septembre 2017

Dire que Fred Nardin a le sens du swing est un euphémisme. Il le prouve chaque jour, que cela soit en tant que pianiste, compositeur ou arrangeur, en formation trio, quartet (avec Jon Bouteiller) ou au sein du Amazing Keystone Big Band, grand orchestre de jazz. Avec les sorties presque concomitantes de son très beau disque en trio (Opening chez Jazz Family) et du nouveau Amazing Keystone Big Band (autour Django Reinhardt), nous ne pouvions résister à l’envie de rencontrer ce jeune pianiste.

Pourrais-tu te présenter ?

Fred Nardin : Pour faire simple et efficace : je m'appelle Fred Nardin, j'ai 30 ans et je suis pianiste de jazz.

Comment es-tu venu à la musique jazz et au blues ?

Fred Nardin : A vrai dire, un peu par hasard. J'ai commencé le piano à l'âge de 5 ans chez un professeur particulier. A cette "époque" (si je peux dire), il était d'usage de commencer d'abord la musique par le solfège avant de pouvoir toucher l'instrument. C'était comme ça au conservatoire, surtout quand on commençait si jeune et cette idée ne plaisait guère à mes parents. Ils souhaitaient que je puisse commencer tout de suite à être derrière le piano et toucher l'instrument. Ils ne m'ont inscrit que plus tard au conservatoire (à 9 ans) pour prendre des cours de solfège, car l'heure et demi de cours de piano n'était pas suffisante pour tout faire.

Je continuais le piano avec mon professeur particulier, je travaillais la technique et des pièces classiques mais ça n’a jamais vraiment été ma tasse de thé, du moins à ce moment-là. Je préférais jouer la musique que j’entendais à la radio et à 10 ans, j'ai débuté à jouer dans les bals avec mon père. Je modifiais souvent les pièces du répertoire à étudier en fonction de mes inspirations, et mon professeur a rapidement compris que ce n’était pas cette "musique écrite" que je voulais jouer. Petit à petit, à chaque fin de cours, il me faisait travailler des courtes pièces de jazz, de blues et de boogie woogie. J'adorais ça !

Me voyant vraiment intéressé par le jazz et les différents aspects que recouvre l’improvisation, mon professeur de piano a conseillé à mes parents de m’inscrire au département Jazz du conservatoire. J'ai donc passé le test d'entrée et j'ai intégré la classe à 13 ans, j'étais le plus jeune élève du département. La formation était complète avec des cours d'instruments individuels, d'harmonie, de pratiques collectives, d'arrangement, d'histoire du jazz. A cette même période, j'ai également commencé l'étude du piano classique au conservatoire. Le jazz m'a juste collé à la peau. C'était l'évidence. Je passais mes soirées à écouter des disques (C. Parker, T. Monk, H. Jones, K. Barron, B. Powell, D. Ellington...) et à essayer de la travailler encore et encore pour comprendre du mieux possible cette musique incroyable.

Que signifie pour toi être un pianiste de jazz ? Et qu’est-ce que faire de la musique jazz en 2017 ?

Fred Nardin : C'est jouer du jazz ! Vivre, écouter et pratiquer cette musique au quotidien. C'est une musique passionnante mais exigeante et je pense que l’apprentissage du jazz passe par la connaissance de son histoire, de ses racines, de son métissage. C'est une musique de culture, un langage, et la meilleure façon de le maîtriser est d’écouter de nombreux disques, d'apprendre son histoire et d’aller aux concerts. Après, on fait son truc, selon ses influences, ses affinités, sa sensibilité. On écrit sa propre histoire en gardant une certaine filiation. Je pense que c'est ça continuer à faire vivre le jazz aujourd'hui.

Peux-tu nous parler de ton trio, de ta relation aux autres musiciens ?

Fred Nardin : Le point de départ de ce trio, c'est ma rencontre avec le batteur Leon Parker, dans une jam session parisienne il y a 7 ans environ. Depuis, nous avons travaillé dans différents projets, sous son nom et sous le mien, fait de nombreux concerts, mais nous n'avions pas encore enregistré ensemble. Son jeu de batterie est unique, hors du commun et ce qu'il apporte à la musique l'est également. J'avais cette idée d'un trio, ensemble, dans un coin de ma tête depuis longtemps, pour partager cette grande rencontre musicale, il fallait simplement trouver le bon moment, la bonne formule et le temps à y consacrer. Je voulais également attendre d'être prêt à me lancer pleinement dans cette aventure car un premier disque en trio est une étape importante et j'aime faire les choses du mieux possible.

C'est d'ailleurs Léon qui m'a présenté le contrebassiste Or Baraket quand je suis allé à New York il y a 2 ans pour faire quelques concerts. Nous avions organisé une session de répétition dans l'appartement d’Or à Harlem, et tout de suite l'alchimie entre nous trois était là, c'était facile. Nous avons eu par la suite l'occasion de rejouer ensemble (avec Leon et Or) pour quelques concerts en Europe, notamment en quartet avec les saxophonistes Jacques Schwarz-Bart et Jesse Davis.

Tout a merveilleusement fonctionné, humainement et musicalement, et je me suis dit que j'avais trouvé LA section rythmique idéale pour mon trio. Ce sont deux musiciens brillants qui ont une incroyable maîtrise de leurs instruments, mais également une très grande sensibilité musicale. Ils sont toujours à l'écoute, dans la subtilité, la surprise… Tous les deux se sont énormément investi dans ce nouvel album et l'idée même de ce trio est un travail sur le long terme, ayant pour but une vraie recherche esthétique et musicale. "Opening" n'est en quelque sorte que l'introduction.

Quelle est ta façon de travailler ? De composer ? Travailles-tu spécialement autour de ton phrasé, de la fluidité de ton jeu ?

Fred Nardin : Pour la composition, j'avoue que j'aime travailler seul au calme, mais les idées peuvent, elles, naître n'importe où. J'aime bien essayer des choses au piano, parfois l'idée naît d'une simple improvisation, où d'une suite d'accords et simplement en chantant un bout de phrase, je l'enregistre alors dans le mémo de mon téléphone. Je n'ai pas vraiment de recette. Parfois, une composition vient très vite, parfois elle demande du temps, de la réflexion, d'y revenir de nombreuse fois. Le processus est aussi différent suivant le type de formation pour laquelle je dois écrire et composer. Plus la formation est grande, plus les possibilités d'explorer l'écriture, les timbres, les couleurs sont importantes.

Au piano, j'essaie d'avoir une idée assez précise du son et du phrasé que je souhaite développer et c'est évidemment un travail quotidien. Je pense que la technique doit être au service de la musique et doit savoir se faire oublier pour l'auditeur qui est dans la salle. Alors, j'enregistre, je réécoute, je cherche, je peaufine – c'est, je crois, le travail de toute une vie.

Est-ce que ton travail en tant que sidemen influence tes propres projets ? Et si oui comment ? Comment t’organises-tu entre tes différents projets ?

Fred Nardin : J'essaie d'être rigoureux sur la tenue de mon agenda (rires) mais tout ça demande effectivement une bonne organisation – j'essaie de faire en sorte que les choses ne se télescopent pas et de garder du temps pour mon travail personnel. C'est essentiel. Je joue effectivement avec beaucoup de musiciens différents avec parfois aussi des esthétiques différentes, c'est ce qui m'intéresse dans la musique et je crois que tout ça est complémentaire. Evidemment, le travail de sideman à une influence sur mes propres projets car il me faire grandir en tant que musicien. Il enrichit mon bagage, mon langage. C'est très inspirant de jouer la musique des autres, d'essayer de servir au mieux les attentes du leader, de comprendre sa "vision" de la musique et où il veut nous emmener. Tu arrives dans son projet avec ton son, ta personnalité et une complicité et une complémentarité s'installe. C'est cet échange que j'aime particulièrement.

Parlons d’un autre de tes projets. Comment est né l’Amazing Keystone Jazz Big Band ?

Fred Nardin : C'est avant tout une histoire de potes. Nous étions avec Jon (Boutellier), Bastien (Ballaz) et moi-même au CNSM de Paris et nous commencions à écrire des arrangements pour la classe de Francois Theberge – je crois que nous avions tous les trois le même intérêt pour l'écriture et l'arrangement pour big band et finalement, c'était assez frustrant d'en écrire un ou deux et qu'ils ne soient joués qu’une seule fois.

Tout ça est donc parti d'une idée un peu folle de faire un concert en big band dans un club de jazz à Lyon (La clef de Voûte, où l'on se produisait très souvent avec Jon), pour jouer nos premiers arrangements et nous obliger aussi à en écrire pour l'occasion. On a donc appelé tous les copains (entre Lyon et Paris, dont le trompettiste David Enhco avec qui on jouait en 6tet) pour faire ce concert "one shot", un lundi soir, un peu à l'image des orchestres du lundi soir à New York. L'orchestre s'est créé comme ça, par hasard... Nous avons choisi le nom Keystone Big Band car Clef de Voûte (le nom du club) se dit Keystone en anglais. David nous a alors proposé de s'occuper de l'organisation de l'orchestre, les 4 chefs étaient là, surmotivés et The Amazing Keystone Big Band est né.

Après Pierre et le loup et Le Carnaval des animaux, pourquoi avoir choisi ? Comment se passe l’écriture, les arrangements ?

Fred Nardin : Le projet sur Django Reinhardt est né d'une commande du Festival de Samois-sur-Seine pour un concert tout public sur une relecture de la musique de Django en Big Band. Quand la question s'est posée de faire un nouveau projet pour le jeune public, poursuivre ce travail nous a semblé évident. Côté arrangements et écriture nous avons, avec les différents projets du Keystone Big Band (Cf. Pierre et le Loup et Le Carnaval Jazz des Animaux, etc.), expérimentés l'écriture à "plusieurs mains" avec Bastien Ballaz, Jon Boutellier, David Enhco et moi-même.

Je pense que c'est la grande force de la direction artistique de l'orchestre. C'est intéressant car les idées fourmillent à plusieurs, ça aide également à avoir du recule et un regard extérieur sur notre travail. Erwan Bouley, notre ingénieur du son et directeur artistique pendant les séances enregistrements est aussi de bon conseil. Les musiciens de l'orchestre apportent également leurs idées, critiques pendant les répétitions. Bref, c'est un vrai travail d'équipe. 

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Watt's de Fred Nardin & Jon Boutellier 4tet
La chronique de l'album Opening de Fred Nardin Trio
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La chronique de l'album Live in Paris de Fred Nardin Trio

En savoir plus :
Le site officiel de Fred Nardin
Le Soundcloud de Fred Nardin
Le Facebook de Fred Nardin


Le Noise (Jérôme Gillet)         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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