"Celui qui s’agenouille devant la conformité assassine l’art" Stan Getz
"En musique, on pousse l’autre à nous provoquer, c’est nécessaire pour sortir de ses habitudes, aller plus loin" John MacLaughlin
Focus de Stan Getz est un chef-d’œuvre. Un mariage incroyable, proche du genre du concerto, entre une orchestration composée par Eddie Sauter plutôt classique (bartókienne même puisque sensiblement la même que pour celle du concerto pour cordes, percussion et célesta, de plus le thème du morceau d'ouverture, "I'm Late, I'm Late" ressemble également fortement aux premières minutes du deuxième mouvement de ce concerto. Hommage de Sauter à Bartók qui appréciait beaucoup sa musique et un improvisateur, le saxophoniste Stan Getz donc.
C’est un exceptionnel dialogue entre une pièce écrite et l’improvisation et c’est exactement ce que l’on retrouve dans ce disque. Plus qu’un réarrangement, une réorchestration ou un hommage c’est une inspiration, une façon de retrouver l’essence de l’album de Stan Getz. Ce Refocus est presque un prétexte pour le dialogue donc mais également pour signifier l’importance de la forme, de l’architecture sonore, de la dramaturgie musicale recherchée et trouvée aussi bien dans les compositions que dans les solos par Sylvain Rifflet.
Bien sûr tout cela n’est également possible que grâce à l’orchestre de chambre de Mathieu Herzog, l’Ensemble Appassionato, au percussionniste Guillaume Lantonnet (vibraphone et marimba), au batteur Jeff Ballard, au contrebassiste Simon Tailleu et à Fred Pallem. Ce dernier orne magnifiquement les compositions toujours très mélodiques du saxophoniste ténor Français d’arrangements d’une grande finesse et subtilité, jouant sur les timbres, les dynamiques (avec des couleurs rappelant parfois Georges Delerue).
Des paramètres sonores que l’on retrouve dans le jeu, pas si éloigné de Getz (dans le son et dans les articulations), tout en souplesse et maestria, dans le sens du tempo, dans les remarquables phrasés de Sylvain Rifflet (il n’est pas l’un des tout meilleurs saxophonistes pour rien). Le dialogue entre l’orchestre et Rifflet se combine parfaitement. Le saxophoniste joue toujours juste sans en rajouter avec une sonorité douce et feutrée tout en étant capable d’expressions plus viriles. Sa technique lui permet une grande exploitation des ressources de son instrument, il mêle douceur et punch, musicien accompli, improvisateur toujours en verve, volcanique et raffiné. Autre chose de remarquable, on retrouve ici le son verve de l’époque, les connaisseurs apprécieront... Un chef-d’œuvre en réponse à un chef d’œuvre...
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