L'exposition monographique dédiée à Paul Gauguin (1848-1903), peintre post-impessionniste à la palette fauve considéré comme
un des précurseurs de l'art moderne, qui se tient au Grand Palais constitue une des "grandes" expositions de la saison muséale 2017-2018
vient en direct de l’Art Institute of Chicago
.
Elle a été conçue par Gloria Groom, directrice de son département sculpture et peinture européennes, et présentée sous le titre pour le moins ésotérique "Gauguin l'Alchimiste" à laquelle se sont jointes, pour sa présentation française, Claire Bernardi, et Ophélie Ferlier-Bouat, respectivement conservateur au département peinture et sculpture du Musée d'Orsay.
Le propos est ambitieux puisqu'il vise à "présenter au public l’œuvre de Gauguin sous un jour nouveau, en soulignant l’importance de l’expérimentation dans son processus créatif" qui s'avère pluridisciplinaire. Quant à la référence à l'alchimie, elle doit s'entendre comme "l’idée d’une quête incessante sans véritable point d’achèvement, et sa capacité exceptionnelle à transfigurer les matériaux" ainsi que l'appétence du peintre pour le symbolisme et l'occultisme.
Gauguin, peintre en quête du paradis perdu
La monstration s'organise, avec de nombreux focus techniques, autour de deux points d'orgue.
D'une part, le manuscrit de "Noa Noa, Voyage de Tahiti", récit illustré que le peintre a enrichi et conservé jusqu'à sa mort.
D'autre part, une évocation de sa dernière demeure nommée "La Maison du Jouir" avec les cinq panneaux en bois sculptés polychromes qui l'encadraient conservés par le Musée d'Orsay ainsi que, pour la première fois réunies, les deux sculptures, détenues dans des collections particulières, aux noms évocateurs - "le Père Paillard cornu" et "Thérèse, sa servante", qui figuraient au pied de l'échelle d'accès.
Elle se développe sur deux niveaux selon un parcours chronologique de la Bretagne aux Iles Marquises en passant par Arles, la Martinique et Tahiti, comporte
plus de deux centaines d'oeuvres, dont un corpus pictural de 54 oeuvres dont l'essentiel proviennent de musées étrangers ce qui constitue un de ses intérêts.
Composée de six sections, elle permet au grand public de dépasser la vision réductrice de Gauguin comme "l'imagier des tropiques" qui lui est attaché ("Femmes de tahiti", "Eh quoi ! Tu es jalouse ?") .
Ainsi, il découvrira les oeuvres de la période bretonne quand il est un des chefs de file de l'Ecole de Pont-Aven avec les motifs récurrents de la bretonne en tenue locale mais détachée de la vision pittoresque, les enfants nus ("Jeunes baigneurs bretons") et de la femme fatale traitée selon une déclinaison de la classique baigneuse, affrontant de façon audacieuse les vagues ("Dans les vagues"), une femme à l'achétype symboliste, à la peau blanche et à la chevelure rousse.
Mystique en quête de nature primordiale, du "bon sauvage" et de jeunes vhinés prépubères, Gauguin s'attache à peindre "l'Arcadie tahitienne"
("La Cueillette des fruits", "Le cheval blanc"). Mais le paradis terrestre est un mythe et du pinceau à la réalité...
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