Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Cap au pire
Théâtre Athénée-Louis Jouvet  (Paris)  décembre 2017

Monologue dramatique de Samuel Beckett interprété par Denis Lavant dans une mise en scène de Jacques Osinski.

Jacques Osinski, le metteur en scène, parle d' "expérience" en évoquant "Cap au pire".

Une expérience à la fois pour l'acteur, Denis Lavant, droit, constamment immobile dans la pénombre, et pour le spectateur, recevant ce texte énigmatique destiné à être lu et non dit par une voix caverneuse, à la fois chaleureuse et monocorde.

"Cap au pire" est l'un des derniers textes écrits par Beckett en anglais. Devant l'extrême difficulté de la "simplicité", il ne s'est pas hasardé à le traduire lui-même et c'est Edith Fournier qui s'est chargée de ce va-et-vient entre ses deux langues d'écriture qui épuisait toujours l'auteur de "Godot".

Denis Lavant, crâne rasé de pirate caraxien, pieds nus sur un carré de lumière blanche au sol, savamment habillé de noir par Hélène Kritikos et disposé devant des rideaux noirs striés d'où sailliront parfois des petites étoiles éclairées de rouge, prononce un premier mot : "Encore".

Un mot qui reviendra souvent comme tous ceux qu'il prononce. On retient immédiatement l'expression "Jusqu’à plus mèche encore" et l'on est pris dans ce tumulte de mots qui reviennent en permanence tuant toute possibilité d'une narration fluide et interprétable.

Texte hermétique aux mots communs, "Cap au pire" est d'abord une prouesse de comédien. Comment peut-il faire quelque chose de ce texte qui implique une défaite du sens, où "rater" précède "rater mieux" ? La salle retient son souffle et le comédien doit se ménager des silences assez longs pour ne pas perdre le sien.

Chuchotant presque dans la pénombre, délivré des tics verbaux qu'il a hérité d'un trop long compagnonnage avec le phrasé Céline, Denis Lavant se love dans les lumières subtiles de Catherine Verheyde. Les petites étoiles rouges peuvent briller comme des constellations, le carré de lumière sur le sol prendre l'apparence d'un livre ouvert. Il est là, comme un "i" jamais dégingandé (sauf pour les applaudissements).

Cette performance statique est impressionnante. Le temps s'arrête et l'on ne sait plus très bien depuis quand on l'écoute.

Dans l'écrin imaginé par Christophe Ouvrard, dans l'immobilité janséniste imposée par Jacques Osinski, Denis Lavant sert Samuel Beckett sans chercher à se servir lui-même. Il a la modestie d'interpréter ce texte quasi inconnu comme s'il n'était pas le premier à le dire sur scène. Alors, on signalera à sa place qu'il transforme un texte inconnu de Beckett en œuvre majeure.

Alpiniste émérite des cimes littéraires, il ouvre la voie à d'autres risque-tout qui se hasarderont à l'assaut de ce dangereux "Cap au pire" et aura largement contribué à en faire un des sommets de l'art beckettien.


 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch
"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard
et toujours :
"Le carnajazz des animaux" de Dal Sasso Big Band"
"Deep in denial" de Down To The Wire
"Eden beach club" de Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
"Ailleurs" de Lucie Folch
"Ultrasound" de Palace
quelques clips en vrac : Pales, Sweet Needles, Soviet Suprem, Mazingo
"Songez" de Sophie Cantier
"Bella faccia" de Terestesa
"Session de rattrapage #5", 26eme épisode de notre podcast Le Morceau Cach

Au théâtre

les nouveautés :
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille
"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
zt toujours :
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

et toujours :
"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz
"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle
"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
et toujours :
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=